Communiqué de presse sur le décès de migrants au large de Mbour, en République du Sénégal

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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) est profondément attristée par le tragique naufrage d’une pirogue surchargée qui transportait plus de 100 migrants,  survenu au large de Mbour, au sud de Dakar, en République du Sénégal. Le bilan provisoire est de 29 morts dont des femmes et 1 enfant. Selon les informations parvenues à la Commission, un nombre indéterminé de personnes aurait été secouru par des pêcheurs, alors que les autres seraient portées disparues et présumées mortes. L’accident a également fait de nombreux blessés.

La Commission présente ses sincères condoléances aux familles des victimes endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. 

Rappelant sa Résolution CADHP/RES. 486 (EXT.OS/XXXI1I) 2021 sur les migrants et réfugiés disparus en Afrique et les conséquences sur leurs familles, et suite à cette énième tragédie, la Commission exprime une fois de plus sa profonde préoccupation face au bilan croissant des migrants morts, ou présumés morts, car disparus, sur la route migratoire de l’Afrique de l’Ouest/ Atlantique vers les îles Canaries en Espagne.

La « Route de l’Atlantique », empruntée par des milliers de migrants ces dernières années, notamment suite au durcissement des mesures de contrôle à travers la Méditerranée, représente l’une des routes migratoires les plus dangereuses et meurtrières en raison essentiellement des forts courants et des vents violents qui déstabilisent les embarcations, souvent en mauvais état et surchargées.

La Commission déplore également la recrudescence sur le continent de la migration irrégulière au cours de cette année, et appelle une fois de plus les Etats Parties à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et l’Union africaine à intensifier leurs efforts visant à la lutte contre cette migration, en s’attaquant à ses causes profondes (chômage des jeunes, conflits armés, dégradation de la situation socio-économique et politique, changement climatique…).

La Commission les invite à développer des voies régulières pour une migration légale, et à œuvrer à ce que les politiques et les pratiques de gestion des migrations soient fondées sur le respect des droits humains de tous les migrants.

La Commission rappelle aux Etats Parties leurs obligations de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et la protection de tous les migrants, indépendamment de leur origine et de leur statut migratoire et ce, à toutes les étapes de leur parcours migratoire. Ces obligations découlent de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des autres instruments internationaux et régionaux pertinents, y compris le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ainsi que les « Principes directeurs africains relatifs aux droits de l’homme de tous les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile » (2023).

Commissaire Selma SASSI-SAFER

Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique
Commissaire en charge de la promotion et de la protection des droits de l’homme en République du Sénégal