Communiqué de presse sur la situation à El Fasher, Nord-Darfour, République du Soudan

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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission), à travers l’Honorable Commissaire Hatem Essaiem, Rapporteur-pays pour la République du Soudan et Vice-président de la Commission, et l’Honorable Commissaire Solomon Ayele Dersso, Point focal sur les droits de l’homme en situation de conflit, exprime sa profonde préoccupation face à l’escalade continue de la violence, des atrocités massives et de la crise humanitaire dévastatrice qui se déroule actuellement à El Fasher, dans l’État du Nord-Darfour, au Soudan.

Des rapports crédibles indiquent que les opérations menées par les Forces de soutien rapide (FSR) à El Fasher se sont accompagnées de violations graves du droit international humanitaire et de violations sérieuses du droit international des droits de l’homme, notamment des attaques contre les civils, des meurtres, des violences sexuelles et viols, des actes de torture, des pillage, ainsi que de la destruction d’infrastructures civiles, y compris des hôpitaux, marchés et installations humanitaires. Des milliers de civils restent piégés dans la ville, sans accès à la nourriture, aux médicaments ou à des voies d’évacuation sûres, ce qui constitue une forme de punition collective et des actes susceptibles de constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au regard du droit international.

La Commission réitère les conclusions et recommandations de sa Mission d’établissement des faits (MEF) sur le Soudan, publiées lors de sa 85ᵉ Session ordinaire le 21 octobre 2025, et appelle à leur mise en œuvre complète et urgente, notamment la création d’un mécanisme indépendant de redevabilité, l’accès humanitaire sans entrave et le renforcement de la protection des civils, en particulier des femmes, des enfants et des personnes en situation de handicap.

La Commission accueille favorablement les conclusions de la 1305ᵉ Réunion d’urgence du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS), tenue le 28 octobre 2025 à Addis-Abeba, et salue sa ferme condamnation des atrocités et des violations graves des droits de l’homme commises par les Forces de soutien rapide (FSR) à El Fasher, ainsi que son appel à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel et sa demande d’établissement de couloirs humanitaires et de poursuites contre les auteurs. La Commission appuie également le rejet par le Conseil de toute forme d’ingérence extérieure dans les affaires internes du Soudan, lesquelles portent atteinte au droit à l’autodétermination du peuple soudanais, garanti par l’article 20 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

En conséquence, la Commission :

• Condamne avec la plus grande fermeté les actes odieux de violence infligés aux populations civiles à El Fasher ;
• Appelle l’Union africaine et la communauté internationale à assumer leurs responsabilités, notamment en vertu de l’article 4(h) de l’Acte constitutif de l’Union africaine, pour prendre des mesures urgentes visant à mettre un terme aux atrocités massives ;
• Appelle à la cessation immédiate des hostilités à El Fasher et dans ses environs ;
• Exhorte toutes les parties au conflit à respecter pleinement le droit international humanitaire et les Conventions de Genève, ainsi que les droits de l’homme, y compris le droit à la vie (article 4), le droit à la dignité humaine (article 5), le droit à la sécurité physique de la personne, le droit à l’égalité et à l’existence des peuples (articles 19 et 20) et le droit à la paix et à la sécurité, tels que garantis par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ;
• Appelle à la protection du personnel médical et humanitaire, ainsi qu’à la livraison rapide de l’aide aux civils dans le besoin ;
• Réitère son appel en faveur d’une action africaine coordonnée pour mettre fin aux souffrances des civils et restaurer la paix, la justice et l’état de droit au Soudan ;
• Rappelle sa conclusion dans le rapport de la Mission d’établissement des faits selon laquelle la reddition de comptes, notamment par des poursuites pénales, est une condition préalable essentielle pour rompre le cycle de l’impunité au Soudan.
 

La Commission exprime sa pleine solidarité avec le peuple soudanais et réaffirme que la paix durable, la sécurité et la justice ne peuvent être réalisées que par la responsabilité, la protection des civils et le respect de la dignité humaine.

Fait à Banjul, le 29 octobre 2025

Honorable Hatem Essaiem
Vice-président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples
Rapporteur-pays pour la République du Soudan

Honorable Solomon Ayele Dersso
Point focal sur les droits de l’homme en situation de conflit

Commission africaine des droits de l’homme et des peuples