La Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (la Commission) suit de près les développements récents survenus au Cameroun à la suite de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 ayant déclaré vainqueur le candidat Paul Biya.
Tout en saluant le calme qui a prévalu durant ladite élection présidentielle, la Commission exprime sa vive préoccupation quant aux violences post-électorales et la détérioration de la situation des droits de l’homme qui en est résultée.
La Commission est préoccupée par les rapports faisant état de confrontations entre manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs localités du pays. Elle est particulièrement préoccupée par les pertes en vies humaines résultant notamment, du recours à l’usage excessif de la force ainsi que des arrestations pour réprimer et disperser les manifestants.
La Commission note également avec inquiétude les coupures récurrentes d'Internet pendant cette période postélectorale. La désactivation des moyens de communication pendant de telles périodes entrave les droits des citoyens d’exercer leur droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.
La Commission condamne l’usage abusif et disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques et les actes de vandalismes contre des propriétés privées et des biens publics ainsi que toutes les autres violations des droits de l'homme. Elle présente ses condoléances aux familles éprouvées.
La Commission invite le gouvernement du Cameroun à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à l’impunité et à s’assurer que tous les auteurs présumés coupables des actes de violences sont poursuivis en justice. Elle invite enfin le gouvernement à mettre un terme aux arrestations et détentions arbitraires et à libérer les manifestants détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits civils et politiques.
La Commission rappelle au gouvernement du Cameroun ses obligations à garantir les droits fondamentaux des citoyens, notamment les droits à la vie et à l’intégrité physique, à la liberté, ainsi que les libertés d’expression, d’association et de réunion tels que prescrits par les dispositions des articles 4, 6, 9, 10 et 11 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que d’autres instruments régionaux et internationaux pertinents des droits de l’homme.
La Commission exhorte la classe politique camerounaise à œuvrer en vue de préserver les acquis démocratiques et la consolidation de l’unité nationale. Elle invite tous les protagonistes à faire preuve de retenue et à privilégier le dialogue afin de résoudre pacifiquement cette situation, d’épargner les populations de toute déstabilisation et violences et de s’inscrire dans le respect des droits de l’homme.
Honorable Idrissa Sow
Président de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples
Honorable Rémy Ngoy Lumbu
Commissaire en charge du suivi de la situation des droits de l’Homme en République du Cameroun








