La Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (la Commission Africaine) suit avec attention la situation actuelle des droits de l’homme en République du Sénégal;
La Commission africaine est profondément préoccupée par la dégradation de la situation des droits de l’homme et la situation d’insécurité caractérisée par la recrudescence des actes de violence, à la veille des élections présidentielles;
La Commission africaine est en outre préoccupée par les menaces graves et répétées contre la paix civile, les arrestations arbitraires et actes d’intimidation contre la population en général et les leaders politiques de l’opposition en particulier,
La Commission africaine est également préoccupée par les sérieuses atteintes au droit à manifester pacifiquement, à la liberté d’opinion, d’expression et de réunion conformément à la Constitution sénégalaise ;
La Commission africaine est en outre soucieuse par le recours à l’usage de la force par les agents chargés du maintien de l’ordre public notamment en tirant à balles réelles sur des manifestants pacifiques portant ainsi atteinte à la vie humaine;
La Commission africaine condamne fermement les actes d’intolérance et les violations persistantes et graves des droits de l’homme qui entachent cette période de campagne électorale et qui sont de nature à faire reculer la démocratie au Sénégal ;
La Commission africaine exhorte le Gouvernement sénégalais et l’opposition plus particulièrement, les leaders politiques, les candidats aux élections présidentielles et les autres parties prenantes à mettre immédiatement un terme à la violence et à engager un dialogue en vue de résoudre les différends qui les opposent ;
La Commission africaine exhorte en outre le Gouvernement sénégalais à respecter et à garantir la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion, la liberté de manifestation pacifique ainsi que les droits civils et politiques de tous les citoyens en cette période électorale conformément à la Constitution sénégalaise ;
La Commission africaine exhorte également le Gouvernement sénégalais à assurer la sécurité de tous les citoyens en général, et de celle des leaders politiques de l’opposition en particulier et à prendre des mesures nécessaires pour garantir les élections pacifiques, libres et transparentes et ce, conformément à la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance;
La Commission africaine exhorte le Gouvernement du Sénégal à prendre toutes les mesures nécessaires pour la libération immédiate et inconditionnelle des manifestants arrêtés arbitrairement, à mettre fin à l’impunité et à s’assurer que tous les auteurs des actes de violences soient traduits et poursuivis en justice ;
La Commission africaine invite enfin l’Union africaine et l’ensemble de la communauté internationale à apporter leur soutien à l’achèvement pacifique du processus électoral en cours au Sénégal.
Fait à Banjul, Gambie, le 22 février 2012