Communiqué de presse sur la disparition de plus de soixante (60) migrants au large des côtes libyennes
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission africaine) continue de suivre avec préoccupation la situation des migrants dans l’Etat de Libye, un des principaux pays de transit pour rejoindre l’Europe, via la Méditerranée centrale, l'une des routes migratoires les plus meurtrières d'Afrique et du monde (plus de 500 décès depuis le débuté de l’année 2025, selon l’Organisation internationale pour les migrations -OIM-) , marquée par des pratiques de trafic et de traite de personnes, des capacités de sauvetage limitées et des restrictions croissantes sur les opérations humanitaires, notamment suite aux nombreux accords entre l’Union européenne et des pays africains pour la régulation et la gestion de la migration.
La Commission africaine a appris avec un profond regret la disparition de plus de 60 migrants, dont des femmes et des enfants, suite aux deux naufrages survenus au large des côtes libyennes ces derniers jours. La Commission présente ses sincères condoléances aux familles des victimes endeuillées, compatit à la douleur de celles qui restent toujours dans l’angoisse de l’attente et souhaite un prompt rétablissement aux survivants.
Selon les informations parvenues à la Commission, le 12 juin, 21 personnes ont été portées disparues après un naufrage près du port d’Alshab, dans la région de Tripoli, capitale de l’Etat de Libye, où seuls cinq survivants ont été retrouvés. Parmi les personnes disaprues, on compte six Erythréens, dont trois femmes et trois enfants, cinq Pakistanais, quatre Égyptiens et deux Soudanais. L’identité de quatre autres personnes reste inconnue.
La seconde tragédie s’est produite le 13 juin, à environ 35 kilomètres à l’ouest de Tobrouk. Selon le seul survivant, secouru par des pêcheurs, 39 personnes étaient à bord avec lui et ont disparu en mer.
Dans les jours qui ont suivi, trois corps ont été rejetés sur le rivage : deux sur la plage d’Umm Aqiqih le 14 juin et un autre sur la plage d’Elramla, dans le centre de Tobrouk, le 15 juin. Les efforts d’identification sont encore en cours.
Rappelant sa Résolution CADHP/RES. 486 (EXT.OS/XXXI1I) 2021 sur les migrants et réfugiés disparus en Afrique et les conséquences sur leurs familles, et suite à cette énième tragédie, la Commission exprime une fois de plus sa profonde préoccupation face aux disparitions continues des migrants dans différentes circonstances, dues notamment à la recrudescence des flux migratoires irréguliers et l’utilisation des routes migratoires les plus périlleuses.
La Commission reste persuadée par ailleurs, que l’amélioration du sort des migrants et la prévention de ces situations dramatiques nécessite de s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés, le développement de voies régulières pour une migration légale, et que les politiques et les pratiques de gestion des migrations devraient être fondées sur le respect des droits de l’homme de tous les migrants.
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples rappelle aux Etats Parties leurs obligations pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et la protection de tous les migrants, indépendamment de leur origine et de leur statut migratoire, et à toutes les étapes de leur parcours migratoire, découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des autres instruments internationaux et régionaux pertinents, y compris le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ainsi que les « Principes directeurs africains relatifs aux droits de l’homme de tous les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile » (2023).
Hon. Commissaire Selma SASSI-SAFER
Commissaire en charge de la situation des droits de l’homme dans l’Etat de la Libye
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique