Communiqué de presse: La Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) développe des Lignes Directrices pour combattre le fléau des violences sexuelles en

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Banjul, le 6 septembre 2016 – Le 22 août 2016, la CADHP a réuni des expertes africaines à Johannesburg afin d’établir des directives claires permettant aux États membres de l'Union africaine de combattre le fléau des violences sexuelles en Afrique. Ces expertes seront les ambassadrices des directives à travers le continent, pour leur diffusion, promotion et mise en œuvre effective. 

Le phénomène des violences sexuelles touche l’ensemble du continent africain, aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre. Ces violations des droits humains affectent majoritairement les femmes et les filles mais également les hommes et les garçons. En situation de conflit armé ou de crise, des crimes sexuels sont systématiquement commis aussi bien par des forces de sécurité que par des acteurs non étatiques, et peuvent constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité voire des actes de génocide. Les auteurs de ces crimes bénéficient encore trop souvent d’une totale impunité, ce qui contribue à leur répétition. Les victimes en subissent les conséquences  très graves et durables : à la souffrance physique et psychologique peuvent s’ajouter des grossesses involontaires, des complications gynécologiques, des maladies sexuellement transmissibles, des troubles de stress post-traumatiques, la dépression, et/ou l’ostracisation sociale. Ces victimes doivent se battre pour avoir accès aux services médicaux et psycho-sociaux nécessaires et vivent dans la peur de représailles. La plupart se voient refuser l’accès à la vérité, la justice et à réparation. 

Il est urgent de nous engager collectivement davantage pour lutter contre les violences sexuelles qui ravagent notre continent à la fois en temps de paix et en temps de guerre. Les gouvernements doivent respecter leurs obligations internationales en prenant des mesures fortes pour prévenir cette forme de violence, protéger les victimes, lutter contre l’impunité des auteurs de ces crimes et garantir justice et réparation. Les Lignes Directrices  que nous développons, en cette année africaine des droits de l'Homme avec un accent particulier sur les droits des femmes, seront un outil de référence permettant de guider les États dans la lutte contre ce fléau », a déclaré Soyata Maiga, Vice-présidente de la CADHP. 

Convaincue que les violences sexuelles peuvent être combattues, la CADHP, en coopération avec la FIDH et son organisation membre en Afrique du Sud, Lawyers for Human Rights (LHR), développe des lignes directrices à l’attention des États pour les guider dans la lutte contre les violences sexuelles et leurs conséquences en Afrique. Ce document préconisera l'adoption  d'une série de mesures concrètes visant la prévention de ces violations, la répression de leurs auteurs et la protection et le soutien aux victimes, conformément aux obligations régionales et internationales des États. « Le texte que nous développons comportera notamment des recommandations pour remédier aux conséquences des violences sexuelles, en particulier sur les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles. Il est impératif d'autoriser l'avortement en cas de viol.», a déclaré Lucy Asuagbor, Rapporteure spéciale de la CADHP sur les droits des femmes en Afrique. 

Les Lignes directrices seront prochainement soumises à une large consultation permettant de recueillir les contributions des acteurs pertinents. 

La réunion de Johannesburg a rassemblé Mme. Pansy Tlakula (Présidente de la CADHP), Me. Soyata Maiga (Vice-Présidente de la CADHP), Me. Lucy Asuagbor (Rapporteure spéciale de la CADHP sur les droits des femmes en Afrique), Prof. Rashida Manjoo (ancienne Rapporteure spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences), Mme Bineta Diop (Envoyée spéciale de la Commission de l'Union africaine sur les femmes, la paix et la sécurité), M. Karim Lahidji (ancien Président de la FIDH), Me. Jacob Van Garderen (Directeur exécutif de LHR), ainsi que des représentants de la FIDH et LHR.