Le 21 octobre est la célébration de la Journée africaine des droits de l’homme. Cette célébration marque l’entrée en vigueur de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples le 21 octobre 1986. La Charte constitue un engagement solennel de promouvoir et de protéger la liberté, la justice, l’égalité et la dignité humaine dans la région. Cet engagement faisait écho à un engagement de reconnaître « … d’une part, que les droits fondamentaux découlent des attributs de l’être humain, ce qui justifie leur protection internationale et, d’autre part, que la réalité et le respect des droits des peuples garantissent nécessairement les droits de l’homme ».
Cette année, le thème de la Journée africaine des droits de l'homme est « Droits de l’homme pour tous, pour une Afrique pacifique et sûre ». Malgré les très grandes avancées réalisées, le continent africain demeure la scène de plusieurs catastrophes humaines et matérielles, causées par les conflits armés et la mauvaise gouvernance et elles sont toutes exacerbées par l'aggravation de la pauvreté dans laquelle vit déjà la vaste majorité de nos populations dans les zones rurales. En République Centrafricaine, l’insécurité et la violence persistent en aggravant la vulnérabilité et les besoins des personnes concernées comme les personnes déplacées et les réfugiés. Le Soudan du Sud est pris dans l’étau d’une crise caractérisée par une violence horrible et des déplacements massifs. L’est de la RDC reste encore une cicatrice sur la conscience de l’Afrique. Nous reconnaissons et encourageons les efforts de l’Union africaine pour mettre un terme et résoudre les conflits persistant dans différents pays d’Afrique.
Nous assistons à un déferlement d’activités et d’attaques terroristes dans différentes régions du continent. La destruction causée à grande échelle par les actes terroristes a des très lourds effets sur les communautés et retarde les efforts de développement et de consolidation de la paix. La plupart du temps, les civils innocents sont la cible immédiate de ces attaques et sont ainsi privés de leur droit le plus fondamental à la vie et à l’intégrité physique.
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) reste hautement préoccupée par cette violence aveugle et les exécutions de la population civile. Elle a particulièrement condamné l’enlèvement par Boko Haram de plus de 200 jeunes filles d’un pensionnat d’un établissement secondaire dans le village de Chibok en République fédérale du Nigeria le 14 avril 2014. La Commission encourage le Gouvernement de la République fédérale de Nigeria à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la récupération et le retour des jeunes filles enlevées et de diligenter les investigations et attraire les coupables de ces grosses violations des droits de l’homme conformément à ses obligations régionales et internationales en matière des droits de l’homme.
Aussi, en cette Journée africaine des droits de l’homme, consacrons-nous encore davantage à l'avancée des droits de l'homme et des libertés pour tous et engageons-nous aussi encore davantage à vivre toujours dans la poursuite des idéaux que nous promouvons pour le monde. Faire de cette vision une réalité requiert la protection constante des gouvernements et la participation active des citoyens africains. Les Etats parties à la Charte africaine, les Institutions nationales des droits de l’homme, les Organisations non-gouvernementales, toutes les organisations travaillant dans les différents domaines des droits de l’homme et le public sont encouragés à célébrer cette Journée en vue de promouvoir une fois encore la réalisation effective des libertés fondamentales en Afrique.
La Commission s’aligne sur les hommes et les femmes qui luttent sur le continent pour défendre le droit d’exprimer leurs idées, de choisir leurs dirigeants et d’être traités avec dignité et respect. Nombreux sont ceux dont nous ne connaîtrons jamais les noms, dont le courage sera passé inaperçu mais sera d’autant plus remarquable qu’ils auront mis leur vie en jeu face aux coups, à l’emprisonnement et même à la mort dans la quasi-certitude que leur sacrifice resterait anonyme.
La Commission continuera à travailler avec tous ses partenaires pour prévenir l'occurrence d'infractions aux droits de l'homme. Nous continuerons à faire entendre les violations des droits de l’homme. Nous continuerons à demander aux Etats de jouer leur rôle de garantir la protection et la promotion des droits de l'homme pour tous.
La vision et les objectifs formulés le 21 octobre 1986 sont toujours valides. Ils méritent toujours que l’on se batte pour eux aujourd’hui et au-delà.
Banjul, le 21 octobre 2014
Honorable Zainabo Sylvie Kayitesi
Présidente de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples