Les Lignes directrices sur la lutte contre les violences sexuelles et leurs conséquences en Afrique (Lignes Directrices) ont été adoptées par la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples, au cours de sa 60ème Session ordinaire tenue à Niamey, au Niger, du 8 au 22 mai 2017. Ces Lignes Directrices ont pour ambition de guider et d’accompagner les États membres de l’Union africaine dans la mise en œuvre effective de leurs engagements et obligations en matière de lutte contre les violences sexuelles et leurs conséquences. Les violences sexuelles demeurent en effet aujourd’hui un fléau mondial, qui n’épargne pas le continent africain. Elles restent largement répandues, tant dans les situations de conflits et de crises qu’en temps de paix. Elles s’exercent dans l’espace public, la rue, les transports en commun, mais aussi dans la sphère privée, sur le lieu de travail ou au sein du couple. Elles touchent majoritairement les femmes et les filles, mais aussi les hommes et les garçons.
Les statistiques sont alarmantes : en Afrique subsaharienne près de 39% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Dans certains pays africains, jusqu’à 98% des filles sont victimes de mutilations génitales, plus de 70% des femmes rapportent avoir été victimes de violence domestique, y inclus de violences sexuelles, et plus de 90 % avoir été victimes de harcèlement sexuel et ne pas se sentir en sécurité dans l’espace public. En outre, dans plusieurs pays en proie aux conflits, le viol et d’autres formes de violences sexuelles sont utilisé.es à grande échelle comme une arme de guerre.
Les violences sexuelles ont de terribles conséquences à la fois physiques et psychologiques pour les victimes, leur entourage, les témoins et les sociétés. Les victimes se retrouvent trop souvent abandonnées, stigmatisées et vivent dans des conditions extrêmement difficiles, voire insoutenables. Elles peinent à obtenir accès aux services médicaux et psycho-sociaux nécessaires et vivent dans la peur des représailles. La majorité se voit nier son droit à la protection, la vérité, la justice et la réparation, autant de violations qui contribuent à la banalisation et la répétition des violences sexuelles.