Communiqué de Presse
Sur la Situation des Droits de l’Homme en République du Soudan
La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (la Commission) exprime sa profonde indignation et condamne fermement les massacres survenus ces derniers jours dans les villes d'Al-Kanabi et de Wad Madani, dans l'État d'Al-Jazirah, en République du Soudan. Ces actes de violence odieux constituent une violation grave de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et des principes fondamentaux de la dignité humaine.
Les rapports indiquent une série d'attaques sanglantes menées par des individus portant des uniformes militaires de l'armée soudanaise. Des vidéos largement diffusées montrent des individus en ces uniformes arrêtant des civils non armés, puis exécutant sommairement ces derniers à l'aide d'armes à feu.
Les rapports signalent également que des membres des forces militaires ont exécuté plusieurs civils dans la ville d'Al-Kanabi, les accusant de soutenir les Forces de Soutien Rapide (RSF). Ces méthodes de représailles ciblant des innocents soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à l'aggravation de la situation humanitaire dans la région. La Commission exprime sa préoccupation quant au fait que ces pratiques pourraient ne pas être des incidents isolés, mais plutôt faire partie d'un schéma systématique de violations.
La Commission exprime sa profonde consternation face aux pertes humaines et aux souffrances subies par les habitants de l'État d'Al-Jazirah et appelle les autorités soudanaises à respecter leurs obligations internationales en matière de droits humains et à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils et mettre fin à la violence injustifiée.
Dans le cadre de son mandat, la Commission a, par l'intermédiaire de son Rapporteur sur le Soudan, émis un appel urgent au président du Conseil de souveraineté transitoire demandant des mesures immédiates, y compris la fourniture d'un éclaircissement précis des allégations mentionnées, la conduite d'enquêtes rapides, impartiales et efficaces pour corriger la situation et tenir les responsables pour compte, ainsi que la mise en œuvre d'actions urgentes pour assurer la sécurité des civils et les protéger de toutes formes de violence.
La Commission appelle également à un respect strict du texte et de l'esprit de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, des normes du droit international des droits de l'homme, du droit international humanitaire et des autres instruments internationaux pertinents auxquels la République du Soudan est partie. Par ailleurs, elle exhorte à garantir un accès sans entrave aux organisations humanitaires pour fournir une aide urgente aux victimes et aux personnes déplacées en raison de ces événements.
La Commission demeure déterminée à surveiller de près la situation au Soudan et à travailler avec toutes les parties pour garantir le respect des droits humains dans le pays. Elle réaffirme son soutien indéfectible aux victimes de ces violations et à leurs familles et appelle l'Union africaine et la communauté internationale à intensifier leurs efforts pour rétablir la paix et la stabilité au Soudan.
Fin
Publié à Banjul, Gambie, le 14 janvier 2025
Honorable Commissaire Hatem Essaiem
Rapporteur pour les droits de l'homme dans la République du Soudan