Communiqué de presse de la Rapporteure Spéciale sur la Liberté d’Expression et l’Accès à l’Information en Afrique et de la Rapporteure Spéciale sur les Défenseurs des Droits d

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La Rapporteure Spéciale sur la Liberté d’Expression et l’Accès à l’Information en Afrique, Commissaire Pansy Tlakula, et la Rapporteure Spéciale sur les Défenseurs des Droits de l’Homme en Afrique, Commissaire Reine Alapini-Gansou, sont préoccupées par les rapports de restrictions de la liberté d’expression, de harcèlement judiciaire, de persécution,  d’arrestation et de détention arbitraires qui leur parviennent du Royaume du Swaziland.

Elles sont particulièrement préoccupées par l’arrestation, le 17 mars 2014, de M. Thulani Rudolf Maseko, éminent avocat et défenseur des droits de l’homme, mais également membre émérite de Lawyers for Human Rights Swaziland. M. Maseko avait déjà été arrêté en  juin 2009 pour avoir tenu des propos subversifs, ce, en violation d’un article de la Loi sur la Sédition et les Activités Subversives (loi n° 46 de 1938 telle que modifiée). M. Bheki Makhubu, Rédacteur en chef du Nation Magazine, quant à lui, a été arrêté le 18 mars 2014.

M. Maseko et M. Makhubu sont inculpés, pour outrage et atteinte à la dignité, à la réputation et à l’autorité de la Haute Cour du Swaziland, au motif qu’ils ont publié dans  le Mensuel Nation Magazine des déclarations malveillantes et méprisantes dans le cadre de l’affaire Roi c/Bhantsana Vincent Gwebu.

M. Maseko et M. Makhubu sont toujours en détention et devaient comparaître le 25 mars 2014 devant un tribunal pour leur libération sous caution. Le 25 mars 2014, ils ont été maintenus en détention provisoire pour 7 jours supplémentaires, jusqu'au 1er avril 2014, par décision du juge Mpendulo Simelane au tribunal de Mbabane. Les accusés sont préoccupés de ce que leur détention prolongée constitue une punition d’avant procès. 

Les Rapporteures Spéciales expriment leur inquiétude quant aux circonstances dans lesquelles ces défenseurs des droits de l’homme sont arrêtés et détenus. A cet égard, elles voudraient rappeler au Gouvernement du Royaume du Swaziland ses obligations internationales en vertu de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’homme, de la Déclaration de Kigali, de la Déclaration de Grand Baie et de la Déclaration de Principes sur la Liberté d’Expression en Afrique (la Déclaration). Elles attirent particulièrement l’attention du Roi du Royaume du Swaziland sur le Principe II de la Déclaration qui dispose : (1) « Aucun individu ne doit faire l’objet d’une ingérence arbitraire à sa liberté d’expression » et (2) « Toute restriction à la liberté d’expression doit être imposée par la loi, servir un objectif légitime et être nécessaire dans une société démocratique ».

Les Rapporteures Spéciales attirent en outre l’attention du Roi sur le Principe XI (1) de la Déclaration qui dispose :  « …… l’intimidation et la menace contre des journalistes ou d’autres personnes exerçant leur droit à la liberté d’expression ...... sape le journalisme indépendant, la liberté d’expression et la libre circulation des informations vers le public » ; et le Principe XI(2)qui dispose : « Les Etats sont dans l’obligation de prendre des mesures efficaces en vue de prévenir de telles attaques et, lorsqu’elles sont perpétrées, mener une enquête à cet effet, punir les auteurs et veiller à ce que les victimes aient accès à des recours efficaces. »     

Les Rapporteures Spéciales exhortent le Roi à veiller à ce que les défenseurs des droits de l’homme puissent mener leurs activités dans un environnement sûr et propice.

Les Rapporteures Spéciales demandent au Gouvernement du Royaume du Swaziland d’ordonner la libération immédiate et sans condition de M. Maseko et M. Makhubu, et le retrait de toutes les accusations portées contre eux. Elles exhortent en outre les autorités du Swaziland à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à tous les actes de harcèlement judiciaire et d’intimation menées contre les défenseurs des droits de l’homme travaillant au Swaziland et à respecter et à garantir leur droit à la liberté d’opinion et d’expression.

Elles voudraient également encourager les autorités du Swaziland à poursuivre leurs efforts visant à garantir l’intégrité physique et la sécurité des défenseurs des droits de l’homme au Swaziland.

 

Fait à Banjul, le 27 mars 2014