Communiqué de presse sur le naufrage au large de Nouakchott entrainant le décès de plus de 70 migrants et des dizaines de disparus

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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) a appris avec une profonde tristesse et une vive indignation le naufrage survenu le 26 août 2025 au large de M’heijratt, à environ 60 kilomètres au nord de Nouakchott, ayant causé la mort de plus de 70 migrants et la disparition de dizaines d’autres.

Selon les informations disponibles, l’embarcation, partie de Gambie à destination des îles Canaries (Espagne) avec environ 160 personnes à bord, principalement originaires de Gambie et du Sénégal, aurait chaviré après une panne et un transfert périlleux de passagers et de matériel entre deux pirogues, suite à l’intervention de passeurs. À ce jour, 70 corps ont été repêchés, 17 survivants ont été secourus, et de nombreux migrants restent portés disparus.

La Commission présente ses sincères condoléances aux familles et communautés endeuillées, exprime sa solidarité aux survivants et assure les États concernés de son soutien. 

La Commission rappelle que les articles 4, 5 et 12 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (la Charte) garantissent à toute personne le droit à la vie, à la dignité et à la liberté de circulation, indépendamment du statut migratoire. Les États Parties ont donc l’obligation de protéger tous les migrants, sans distinction, conformément à la Charte africaine et aux autres instruments internationaux et régionaux pertinents, y compris le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (2018), les Principes directeurs africains sur les droits de l’homme de tous les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile (2023), ainsi que la Résolution CADHP/Res.486 (2021) sur les migrants et réfugiés disparus en Afrique et les conséquences pour leurs familles.

Par ailleurs, la Commission s’inquiète de la répétition de tragédies similaires sur les routes migratoires africaines, notamment sur la route de l’Atlantique vers l’Europe, une des plus meurtrières au monde, de plus en plus empruntée ces dernières années notamment suite renforcement des contrôles en Méditerranée.

La Commission est également préoccupée par les accords migratoires conclus entre des Etats africains et l’Union européenne ou des pays européens pour l’externalisation et la gestion de la migration et qui ont souvent des incidences négatives sur les droits fondamentaux des migrants ou sont en contradiction avec les objectifs africains de libre circulation. 

Enfin, la Commission exhorte les États africains à renforcer leur coopération pour créer des voies migratoires sûres et régulières et combattre les réseaux de traite et de trafic des migrants. Elle invite l’Union africaine et la communauté internationale à soutenir les pays de la région dans l’adoption de politiques migratoires respectueuses des droits humains et dans la mise en œuvre de programmes de développement socio-économique afin de réduire les causes profondes des migrations irrégulières pour que nul ne soit contraint de risquer sa vie en mer pour chercher dignité et espoir ailleurs.

Banjul le 30 août 2025

Hon. Commissaire Selma SASSI-SAFER
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d'asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique