La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (la Commission), réunie en sa 81ème Session ordinaire, tenue Banjul, en Gambie, du 14 octobre au 6 novembre 2024 :
Rappelant son mandat de promotion et de protection des droits de l'homme et des peuples en Afrique en vertu de l'article 45 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples (la Charte africaine) ;
Reconnaissant ses résolutions antérieures sur l'importance de la préservation et de la promotion des langues autochtones pour l'avancement des droits de l'homme et la protection de la diversité culturelle, notamment la résolution CADHP/Rés.79 (XXX1) 2002 sur l'utilisation des langues et cultures autochtones en Afrique et la résolution CADHP/Rés.275 (LV) 2014 sur la protection et la promotion des langues autochtones en Afrique ;
Considérant l'importance de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) dans la promotion de l'intégration économique et du développement sur l’ensemble du continent ;
Notant la diversité du paysage linguistique en Afrique et la nécessité de veiller à ce que l’utilisation de la langue locale soit encouragée afin de faciliter l'apprentissage ainsi que la communication pour les échanges et le commerce au niveau transfrontalier
Réitérant l'importance du contexte culturel en général et de la préservation des connaissances en particulier par le biais de systèmes de connaissances autochtones (IKS), intégrés dans l'utilisation de la langue locale, ainsi que la promotion de l'inclusivité et de la participation effective de toutes les communautés individuelles, y compris dans le processus de mise en œuvre de la ZLECAf;
Réaffirmant les principes énoncés dans la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et d'autres instruments internationaux pertinents en matière de droits de l'homme ;
Reconnaissant que les langues autochtones transmettent la richesse des connaissances traditionnelles, du patrimoine culturel et des systèmes de gouvernance, qui contribuent au développement durable et à la promotion des identités africaines ;
Tenant Compte de l'importance de la diversité linguistique pour favoriser la cohésion sociale, le développement inclusif et la promotion des droits culturels ;
Rappelant que le thème de l'Union africaine pour l'année 2023 était « Accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) » ;
Soulignant le rôle essentiel des langues autochtones pour assurer une communication, une compréhension et un engagement efficaces entre les individus et les communautés impliqués dans la mise en œuvre de la ZLECAf ;
La Commission :
i. Appelle les États parties de l'Union africaine (UA) à renforcer l'utilisation des langues autochtones dans les programmes nationaux et à garantir l'accès aux documents et informations de la ZLECAf dans les langues locales.
ii. Exhorte les États parties à donner la priorité à la promotion et à la préservation des langues autochtones par le biais de politiques et de programmes dans les domaines de l'éducation, des médias et de l'administration publique.
iii. Invite les États parties à allouer des ressources à la documentation, à la numérisation et à la diffusion des langues autochtones dans divers secteurs, y compris au niveau transfrontalier.
iv. Encourage la collaboration avec les locuteurs de langues autochtones et leurs communautés pour promouvoir leur utilisation, y compris la mise en place de programmes de formation linguistique.
v. Invite les États membres de l'Union Africaine à soutenir la recherche, les efforts de traduction et les campagnes de sensibilisation sur l'importance des langues autochtones dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Fait à Banjul, République de la Gambie, le 6 novembre 2024