« Le Réfugié est une personne comme vous et moi »
A l’occasion de la célébration de la 14eme Journée mondiale du Réfugié, gardons en mémoire que « le réfugié est une personne comme vous et moi », un être humain, victime du sort, qui n’a pas choisisondestin. Comme lui, chacun d’entre nous ou un membre de notre famille, de nos relations, peut un jour devenir réfugié.
Célébrez la journée mondiale du Réfugié est plus qu’une commémoration ; c’est l’occasion de mettre en avant la situation de ces hommes, femmes et enfants et de leur dire que malgré tout ils demeurent des êtres humains qui ont droit à la protection et à l’assistance et au respect de leur dignité inhérentà tout être humain.
La situation des réfugiés sur le continent africain nous interpelle en ce qu’elle est dramatique et ne cesse de se détériorer.Les nombreux conflits en cours, notamment en République centrafricaine, au Soudan du Sud, en Somalie, au Nigéria, en République démocratique du Congo et ailleurs, ont porté le nombre de réfugiés à près de 3,7 millions.
Récemment l’Ethiopie est devenu le pays accueillant le plus de réfugies devant le Kenya. D’autres pays, comme Djibouti qui accueille des réfugiés de long terme, se voit submergé depuis peu par une arrivée massive de réfugiés yéménites ; suite à l’éclatement de la crise au Yémen.
La question des réfugiés de long terme devient de plus en plus cruciale, particulièrement en Afrique, c’est le cas des réfugiés érythréens en Éthiopie et au Soudan, angolais en Zambie, sahraouis en Algérie, qui sont dans ses pays depuis plus de 30 ans.
D’autres sont réfugiés depuis plus de20 ans, comme les réfugiés soudanais en Ouganda et au Kenya,les éthiopiens au Soudan. Les réfugiés libériens au Ghana, somaliens au Kenya et en Éthiopie, burundais en Tanzanie quant à eux y sont depuis plus de 10 ans et les réfugiés soudanais au Tchad ont déjà fait plus de 5 ans.
Ces personnes font face à deõnombreux problèmes ; notamment sécuritaire, sanitaire, alimentaire et éducatif. Des générations entières n’ont aucun espoir d’avenir car limitées dans leurs actions par leur statut de réfugié.
Les réfugiés doivent jouir de la protection du droit international humanitaire et des droits de l’homme sans discrimination. Gardons toujours à l’esprit qu’un jour, nous pourrions être l’une de ses personnes. Traitons-les comme nous souhaiterions l’être dans les mêmes circonstances.
C’est fort de ce constat que la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) a mis en place le mécanisme du Rapporteur Spécial les Réfugiés, les Demandeurs d’asile, les Personnes déplacées et les Migrants en Afrique. Le Mécanisme œuvre pour la protection des réfugiés , des demandeurs d’asile et des migrants ainsi que des personnes déplacées internes sur le continent africain ; notamment en aidant les Etats Membres de l’Union Africaine à formuler des politiques, règlements et lois pour une meilleure protection des réfugiés, des demandeurs d’asile et des personnes déplacées en Afrique , entreprendre des missions d’enquête, des investigations, des visites dans les camps de réfugiés et dans les camps de personnes déplacées ;élaborer et recommander des stratégies efficaces pour mieux protéger les droits des réfugiés, entre autres.
En cette journée importante pour les réfugiés, la Commission et la Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées et les migrants en Afrique,( la Rapporteure Spéciale) Mme Maya Sahli Fadel, se joint aux réfugiés à travers le monde en général et en Afrique en particulier, pour célébrer cette journée avec eux et réaffirmer la volonté de la Commission de continuer à s’impliquer à l’amélioration de leur situation.
La Rapporteure spéciale remercie les pays qui ont offert leur hospitalité et leur solidarité aux réfugiés vivant sur leur territoire, et appelle tous les Etats africains à contribuer collectivement aux coûts liés à l’accueil des réfugiés, conformément au principe de la solidarité africaine et à la coopération internationale, tel que stipulé dans la Convention de l’OUA de 1969.
Elle salue particulièrement la décision du Président de la Tanzanie, en septembre 2014, d’autoriser les autorités compétentes à délivrer des certificats de naturalisation à plus de 162 000 anciens réfugiés burundais. Il serait encourageant de voir ces initiatives se multiplier envers les réfugiés, car ilsméritent de vivre dans la dignité.
La Rapporteure spéciale tient à rappeleraux Etats africains leurs obligations en vertu de la Convention de 1969 de l’OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, ratifiée par la majorité des pays africains. En vertu de l’Article 2 (1) de la Convention, les Etats membres de l’OUA (UA) s’engagent à faire de leur mieux, conformément à leurs législations respectives, pour accueillir les réfugiés et assurer l’installation de ceux qui, pour des raisons bien fondées, ne peuvent pas ou refusent de retourner dans leur pays d’origine ou de nationalité.
La Rapporteure spéciale exhorte par conséquent les Etats africains qui ne l’ont pas encore fait, à élaborer des législations nationales sur l’asile et créer des institutions nationales de protection des réfugiés. Elle appelle en outre les Etats africains à mettre en œuvre les instruments juridiques régionaux et internationaux qu’ils ont ratifiés afin d’assurer une plus grande protection des droits des réfugiés et des demandeurs d’asile.
Le réfugié est un être humain, le réfugié est un père, une mère, un enfant, ça peut être les nôtres, ça peut être nous, car le réfugié est une personne comme vous et moi.
Banjul le 19 juin 2015