COMMUNIQUE DE PRESSE
A l’invitation du Gouvernement de la République du Cameroun, une délégation des mécanismes spécifiques de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (la Commission) a effectué une visite de promotion des droits de l’homme au Cameroun du 4 au 14 septembre 2012. La délégation de la Commission était conduite par l’Honorable Commissaire Me Soyata Maïga, Rapporteure Spéciale sur les droits de la femme en Afrique et composée de l’Honorable Commissaire Lucy Asuagbor, Présidente du Comité sur la protection des droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA, des personnes à risque, vulnérables et affectées par le VIH /SIDA et de M. Charles Beautrel Nguena, juriste au Secrétariat de la Commission.
Cette mission s’inscrit dans le cadre du suivi de la précédente mission effectuée en février 2011 et de la mise en œuvre des diverses recommandations formulées par la Commission, suite à la soumission par l’Etat partie du Cameroun de son dernier rapport périodique combiné couvrant la période 2003-2008. Elle a mis un accent particulier lors des différentes rencontres et séances de travail avec les acteurs étatiques et autres, sur la situation des droits de la femme au Cameroun et ceux des personnes vivant avec le VIH/SIDA, des personnes à risque, vulnérables et affectées par le VIH/SIDA.
Au cours de la mission, la délégation a eu des échanges riches avec les plus hautes autorités politiques et administratives notamment l’ Honorable Président de l’Assemblée Nationale, Son Excellence Monsieur le Premier Ministre et les membres du gouvernement ayant en charge les thématiques relatives aux droits des femmes et au VIH/SIDA ; les responsables des agences du Système des Nations Unies (le Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique Centrale et ONU/SIDA) ; la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL) ; le Barreau du Cameroun ; le Coordinateur du Programme National de Gouvernance ; les responsables du Centre International de Référence « Chantal Biya » pour la recherche sur la prévention et la prise en charge du VIH/SIDA et les Organisations de la Société Civile (OSC).
La délégation s’est, en outre, rendue dans les régions du Nord-Ouest et du Nord. A cette occasion, elle a engagé un dialogue franc avec les autorités administratives régionales, les chefs traditionnels et religieux, les communautés Mbororo, les antennes régionales de la CNDHL, les OSC, les responsables des Centres de Promotion de la Femme et de la Famille et celles des prisons centrales de Bamenda et de Garoua, sur les progrès réalisés, ainsi que sur les défis persistants quant à la promotion des droits de la femme et la protection des personnes vivant avec le VIH/SIDA, au niveau régional et local.
La délégation a constaté l’existence d’une volonté politique réelle des plus hautes autorités camerounaises de mieux promouvoir et protéger les droits de la femme au Cameroun, ainsi que leur ferme détermination à lutter contre le VIH/SIDA. Cette volonté s’illustre, à travers l’adoption par le Gouvernement de plusieurs politiques, plans et programmes pertinents, et la conduite de diverses réformes législatives et institutionnelles ayant un impact positif sur la vie des femmes et la protection des personnes vivant avec le VIH/SIDA.
Cet engagement s’est également ressenti au niveau des programmes mis en place par les agences du Système des Nations Unies dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’homme au Cameroun.
La délégation se félicite du dynamisme et de la mobilisation des OSC afin d’assurer le respect des droits de la femme camerounaise et ceux des personnes vivant avec le VIH/SIDA, des personnes à risque, vulnérables et affectées par le VIH/SIDA, malgré la faiblesse de leurs ressources financières, matérielles et techniques.
Elle a toutefois relevé que, nonobstant les programmes de sensibilisation, d’éducation et de formation, la persistance des pesanteurs traditionnelles, culturelles et religieuses continue d’entraver l’exercice et la jouissance effective par la femme camerounaise de ses droits.
La délégation salue l’engagement de l’Etat partie du Cameroun à renforcer sa coopération avec la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Elle l’encourage à déposer les instruments de ratification du Protocole de Maputo et à ratifier le Protocole portant création de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, en veillant à faire la Déclaration spéciale visée à l’article 34(6) dudit Protocole. Elle l’exhorte, en outre, à finaliser le processus d’adoption du code des personnes et de la famille, du nouveau code pénal et de la Politique Nationale Genre, en vue de renforcer l’impact des programmes et des plans en cours.
La délégation encourage le Gouvernement à renforcer ses relations de collaboration et de travail avec la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés et les acteurs de la société civile.
La Commission produira un rapport circonstancié de cette mission. Ce rapport fera état de toutes les avancées constatées, des défis qui persistent dans la promotion des droits de la femme au Cameroun et la lutte contre le VIH/SIDA et formulera des recommandations idoines permettant de relever ces défis.
La délégation saisit cette opportunité pour remercier le Gouvernement camerounais des dispositions prises en vue du bon déroulement de la mission.
Fait à Yaoundé, le 14 septembre 2012