La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (la Commission) suit de près la situation des migrants sur le continent et les risques extrêmes auxquels ils sont confrontés, en particulier dans le contexte de l'augmentation des flux migratoires via la route de l'Atlantique Ouest, notamment du Sénégal, de la Mauritanie et de la Gambie vers les îles Canaries (Espagne), à la recherche de meilleures conditions de vie (une augmentation de près de 160% par rapport à 2023 selon l'Organisation internationale pour les migrations - OIM).
La Commission est profondément attristée par le tragique naufrage d'une embarcation transportant environ 300 migrants au large de Nouakchott, en République islamique de Mauritanie, qui a fait plus de 25 morts, dont des enfants et des femmes. Selon les informations reçues par la Commission, 120 personnes ont été secourues, y compris des enfants séparés et non accompagnés, tandis que les autres sont portées disparues et présumées mortes.
La Commission présente ses sincères condoléances aux familles des victimes endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
La Commission est d'autant plus préoccupée que le 1er juillet 2024 déjà , un bateau de pêche traditionnel a coulé au large de la Mauritanie, 89 corps ont été découverts et 72 personnes sont toujours portées disparues.
La « route de l'Atlantique », empruntée par des milliers de migrants ces dernières années, notamment suite au renforcement des mesures de contrôle en Méditerranée, est l'une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus meurtrières, notamment en raison des forts courants et des vents violents qui déstabilisent les embarcations, souvent en mauvais état et surchargées.
Rappelant sa résolution CADHP/RES. 486 (EXT.OS/XXXI1I) 2021 sur les migrants et réfugiés disparus en Afrique et les conséquences pour leurs familles, et suite à cette énième tragédie, la Commission exprime à nouveau sa profonde préoccupation face à la poursuite des disparitions de migrants dans diverses circonstances et attire l'attention des Etats sur le nombre sans cesse croissant de ces cas.
La Commission reste convaincue que s'attaquer aux causes profondes de la migration, établir des voies légales de migration et mettre en œuvre des politiques migratoires fondées sur les droits de l'homme des migrants sont des mesures cruciales pour prévenir de telles tragédies.
La Commission souligne que les États parties sont tenus de protéger tous les migrants, quels que soient leurs antécédents ou leur statut migratoire, tout au long du processus migratoire. Ces responsabilités découlent de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, ainsi que d'autres instruments internationaux et régionaux pertinents, notamment le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et les « Principes directeurs africains sur les droits de l'homme de tous les migrants, réfugiés et demandeurs d'asile » (2023).
Hon. Commissaire Janet R. Sallah-Njie
Vice-présidente, Rapporteuse spéciale sur les droits des femmes en Afrique et Rapporteure pour la Mauritanie
Hon. Commissaire Selma Sassi-Safer
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d'asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique