La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (la Commission), réunie à l'occasion de sa 79e Session Ordinaire à Banjul (République de Gambie) du 14 mai au 3 juin 2024, suit avec préoccupation la situation humanitaire dans la bande de Gaza et ses conséquences dévastatrices sur les populations civiles, notamment après la récente offensive israélienne sur la région de Rafah.
Selon les sources locales, l'escalade militaire à Gaza a causé plus de 36.000 victimes, dont plus de 15.000 enfants, tandis que des dizaines de milliers de personnes figurent parmi les blessés. Plus d’un million de personnes ont été déplacées de Rafah et environ 100.000 dans le nord de Gaza entre le 6 et le 26 mai. La population du territoire demeure bloquée, avec un accès très limité aux services vitaux, aggravée par la perspective d’une famine et la paralysie du système de santé.
La Commission rappelle que la crise affectant la bande de Gaza, et plus particulièrement la récente escalade dans la région de Rafah frontalière avec la République Arabe d'Égypte, un État partie à la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, continue d’entraîner des répercussions négatives sur le continent africain.
La Commission est affectée par le récent bombardement d’un camp de déplacés à Rafah, ayant fait au moins 45 morts dans la nuit du 26 mai 2024, en grande majorité des femmes et des enfants. Le camp bombardé avait été déclaré « zone sûre » et abritait des civils ayant fui les hostilités régulières dans les alentours.
Ces récents développements interviennent alors que la Cour Internationale de Justice, organe principal de l’Organisation des Nations Unies, a ordonné à Israël deux jours auparavant (24 mai), dans le cadre de mesures conservatoires, de mettre fin à son offensive militaire contre Rafah et d'ouvrir le point de passage du sud de la bande de Gaza avec l'Égypte pour permettre l’acheminement de l'aide humanitaire.
La Commission rappelle son communiqué du 27 octobre 2023 sur la situation dans la Bande de Gaza, où elle avait déjà appelé au respect des principes fondamentaux du Droit International des Droits de l'Homme, du Droit International Humanitaire et du Droit International des Réfugiés, qui consacrent le respect du droit à la vie et de la dignité inhérente à la personne humaine.
De même, la Commission encourage les efforts de la communauté internationale pour la cessation immédiate des hostilités et la mise en place d'un couloir humanitaire pour fournir une assistance aux populations touchées.
Fait à Banjul, le 3 juin 2024