La Commission Africaine des droits de l’Homme et des Peuples (la Commission), constate avec consternation, la détérioration de la situation des droits de l’homme au Burkina Faso depuis la prise d’otage du 16 septembre 2015 des membres du gouvernement de transition par des éléments du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP) suivie de la déclaration de prise de pouvoir par le Conseil National de la Démocratie (CND) avec à sa tête, le Général Gilbert Diendéré ;
La Commission condamne fermement, les actes intolérables du RSP et du CND notamment la détention de certains membres du gouvernement de transition et les atteintes à l’intégrité physique et morale , particulièrement la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, les pertes en vie humaine du fait des balles perdues, le traumatisme des populations due aux tirs de sommation qui retentissent dans les quartiers de la ville de Ouagadougou;
La Commission déplore également les atteintes au droit à l’information, la liberté d’expression et de manifestation pacifique caractérisées par l’interruption forcée de certains canaux de communication et la répression violente et sanglante des tentatives de manifestation;
La Commission lance un vif appel à tous les responsables et membres du CND et du RSP à libérer immédiatement les otages. Elle les exhorte à déposer les armes et à cesser tout acte portant atteinte à l’intégrité physique et morale des populations.
La Commission demande au CND et au RSP de respecter les droits des individus et des peuples tels que consacrées dans la Constitution et les instruments pertinents de protection des droits de l'homme, notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance.
La Commission, se joint aux différentes condamnations fermes concernant la situation qui prévaut au Burkina, appelle tous les acteurs de la Communauté internationale à renforcer la pression et à conjuguer leurs efforts afin de prendre rapidement les mesures adéquates, nécessaires pour le retour de la paix et de la sécurité sur le territoire burkinabé.
La Commission invite l’Union africaine, la CEDEAO et la communauté internationale à encourager toutes les parties prenantes au dialogue, afin d'aboutir à une issue pacifique de la crise et au rétablissement du processus démocratique en cours.
Fait à Banjul, 18 septembre 2015