Le 8 mars marque la Journée internationale de la femme qui célèbre les réalisations des femmes dans toutes les sphères de la vie. A cette occasion, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission africaine) à travers sa Rapporteure spéciale sur les droits de la femme en Afrique, Maître Soyata Maïga, Commissaire et fer de lance de la défense des droits de la femme en Afrique, se joint aux femmes du monde entier et, en particulier, en Afrique, dans la commémoration de cette journée.
Le thème de cette année, « l’Agenda du genre : un nouvel élan » n’aurait pu mieux arriver, en particulier au moment où l’inscription des préoccupations des femmes dans le courant dominant est à l’ordre du jour. De nombreux efforts et progrès ont été enregistrés au niveau régional et international vers l’atteinte de l’égalité entre hommes et femmes, l’habilitation des femmes et leur élévation politique, sociale et culturelle. Il mérite d’être mentionné les réunions consultatives du pré-Sommet GIMAC sur l’intégration du Genre dans l’Union africaine (UA) et la campagne actuellement menée pour mettre les femmes sur un pied d'égalité avec les hommes. Lors de la réunion qui s’est tenu les 22 et 23 janvier 2013 à Addis-Abeba, Ethiopie, le GIMAC a recommandé notamment que les Etats membres de l’UA « garantissent une participation égale dans toutes les sphères de la prise de décision et la distribution équitable des ressources dans le cadre de développement après 2015 ».
Cette recommandation s’inscrit dans le cadre de l’Article 2 (1) (c) du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme relatif aux droits de la femme en Afrique (le Protocole) qui fait obligation aux Etats parties de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (les Etats parties) d’intégrer une perspective genre dans leurs décisions politiques, leur législation, leurs plans, leurs programmes et leurs activités de développement ainsi que dans les autres sphères de la vie. L’Article 13 du même Protocole souligne spécifiquement la responsabilité des Etats parties à garantir les droits économiques et sociaux des femmes et de les faire dûment respecter. La Rapporteure spéciale soutient donc le fait que le Protocole est un instrument précurseur pour les droits de la femme en Afrique.
Malgré la promulgation du Protocole et d’autres instruments des droits de l’homme qui promeuvent et protègent les droits de la femme, l’agenda du genre ne pourra être effectivement réalisé que si le Protocole et les autres instruments connexes sont ratifiés, intégrés et mis en œuvre. Tel est le cœur de la mission de la Rapporteure spéciale qui a pour mandat de vulgariser le Protocole. Au fil des ans, la Rapporteure spéciale a eu recours à un certain nombre d’actions et de stratégies visant à accélérer la ratification du Protocole et qui ont enregistré des résultats positifs. Il est important de noter que la Rapporteure spéciale, à travers ses missions de promotion/de mécanisme et d’autres activités, mène un plaidoyer en faveur l’instauration de plans d’action et de stratégies au plan national qui prennent totalement en compte les questions liées au genre, en particulier l’accès des femmes à des fonctions décisionnelles.
Ces actions ont incité certains Etats parties à faire avancer leur agenda du genre mais d’autres restent encore à la traîne. A cet égard, la Rapporteure spéciale continue à exprimer la préoccupation que lui inspirent la situation des femmes privées d’accès aux terres, privées d’accès aux services productifs, sociaux et autres, pertinents pour leur développement ainsi que leur manque de participation aux décisions sociales et politiques faisant obstacle à leur habilitation.
La Rapporteure spéciale exprime également sa préoccupation devant la violence à l’égard des femmes et des filles, sous différentes formes d’abus. Face aux soulèvements en cours en Afrique, la Rapporteure spéciale est également préoccupée par la violence à l'égard des femmes et des filles dans les zones de conflit où le viol est utilisé comme tactique de guerre. Les femmes et les filles continuent d’être victimes, en particulier en raison de leur sexe et de leur statut dans la société, en violation de leur dignité et de leurs autres droits humains fondamentaux.
Cette préoccupation concernant la vulnérabilité des femmes et les victimes de plus en plus nombreuses de violence est partagée par les Nations Unies. Cela explique le choix du thème « Une promesse est une promesse : il est temps d’agir pour mettre fin à la violence contre les femmes » pour la Journée internationale de la femme en 2013.
La Commission des Nations Unies sur le statut de la femme a en outre intitulé sa 57ème Session, tenue actuellement, du 5 au 7 mars 2013, à New York « Elimination et prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles ». Il est à souhaiter que les recommandations qui émaneront de cette session seront sérieusement prises en compte par tous les États concernés pour assurer l'élimination de toutes les formes de violence et de discrimination à l'égard des femmes et des filles.
Dans le cadre des efforts incessants d’accélération de l’élan de ce très important agenda visant à assurer l’égalité entre hommes et femmes, les États parties doivent impérativement reconnaître l'essence du Protocole et le rôle qu’il joue dans la promotion et la protection des droits de la femme en Afrique. Dans ce contexte, tout en félicitant les Etats qui ont déjà signé le Protocole, la Rapporteure spéciale exhorte ceux qui ne l’ont pas encore fait, à le ratifier dans un avenir proche et à éviter autant que possible d’y apporter des réserves.
Dans la même veine, des politiques, des plans, des actions et des programmes destinés à intégrer les femmes dans toutes les sphères de la vie devraient être mis en œuvre au niveau national pour renforcer le développement des femmes en Afrique.
La Rapporteure spéciale souhaite marquer sa contribution à la célébration de la Journée de la femme cette année par les propos suivants : « La femme africaine est belle et tenace. Au fil du temps, elle demeure le rocher de la terre et mérite donc d'être célébrée ».
Heureuse Journée de la femme !