Communiqué de presse sur la détérioration de la situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire

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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission africaine) continue de suivre attentivement la situation politique et des droits de l’homme en Cote d’Ivoire, depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010.

 La Commission africaine est sérieusement préoccupée par l’aggravation de la crise politique et par la résurgence de la violence marquée ces derniers jours par des affrontements entre les populations civiles et les forces de défense et de sécurité. Elle est également préoccupée par les scènes de guérilla urbaine entre militants des deux camps à travers le pays ayant entrainé la mort de plusieurs civils et celle de dizaines de militaires.

 La Commission africaine est hautement préoccupée par la reprise des combats à l’Ouest du Pays  entre les forces loyales  au Président sortant Laurent Gbagbo et les éléments des Forces Nouvelles. De tels affrontements constituent une violation du cessez-le feu imposé aux belligérants à la suite des différents accords de paix et mettent en péril les droits humains tout en portant atteinte à  la vie et  à la sécurité de l’ensemble des citoyens.

 La Commission africaine est d’autant plus préoccupée que cette reprise des hostilités intervient au lendemain de la mission  à Abidjan du panel des cinq Chefs d’Etat mandaté par l’Union Africaine en vue de trouver une issue heureuse  à la crise politique qui secoue le pays.

 La Commission africaine se préoccupe également des conséquences humanitaires des  déplacements massifs  des  populations vers  les  Etats  voisins  du  fait    de  la précarité de  la  situation  sécuritaire des populations y  compris les  femmes, les enfants et les représentants de la société civile.

 La Commission  Africaine condamne fermement le caractère partial et partisan du traitement l’information, ainsi que les appels à la haine relayés par l’ensemble des medias Ivoiriens. Elle appelle instamment la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) ainsi que la Télévision Cote d’Ivoire (TCI) à faire preuve d’objectivité, de retenue et de professionnalisme dans le traitement de l’information.

 La Commission Africaine condamne fermement toutes les tentatives d’intimidation, les menaces et les obstacles tendant à empêcher l’Opération des Nations Unies en Cote  d’Ivoire  (ONUCI)  d’exécuter  correctement  son  mandat,  notamment  la protection des populations civiles.

La Commission africaine condamne l’usage abusif de la force contre les populations civiles innocentes par les militaires et les attaques armées des populations contre les militaires.

 La Commission africaine condamne fermement la réinstauration du couvre feu et son extension sur l’ensemble du Pays.

 La Commission africaine insiste sur la nécessité pour toutes les parties concernées à œuvrer à  la restauration de la paix et de la sécurité, et pour les acteurs politiques à respecter le verdict des urnes dans l’intérêt supérieur du pays.

 La Commission africaine saisit  cette opportunité pour exhorter toutes les parties impliquées dans le conflit à se conformer aux principes du droit international humanitaire et à  respecter et protéger les droits humains de tous les citoyens Ivoiriens.