La journée mondiale de liberté de la presse, 03 mai 2024

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La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (la Commission), par l'intermédiaire du Rapporteur spécial sur la liberté d'expression et l'accès à l'information en Afrique (le Rapporteur spécial), se joint à la communauté internationale pour commémorer la Journée mondiale de la liberté de la presse.

La Journée mondiale de la liberté de la presse, commémorée chaque année le 03 mai, est l'occasion de renouveler l'engagement en faveur du principe fondamental de la liberté de la presse. La liberté de la presse est d'une importance cruciale compte tenu du rôle clé joué par les médias «pour assurer le plein respect du droit à la liberté d'expression, promouvoir la libre circulation de l'information et des idées, aider les individus à prendre des décisions éclairées et faciliter et renforcer la démocratie», comme indiqué dans le préambule de la Déclaration de principes sur la liberté d'expression et l'accès à l'information en Afrique (la Déclaration).

Cette année, la Journée mondiale de la liberté de la presse est centrée sur le thème suivant : «Une presse pour la planète : le journalisme face à la crise environnementale», soulignant l'importance du journalisme et de la liberté d'expression dans le contexte de la crise environnementale mondiale actuelle.

L'article 24 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples dispose que « tous les peuples ont droit à un environnement général satisfaisant et favorable à leur développement ». La Commission a développé ce droit dans sa décision décisive sur l'affaire Centre d'action pour les droits sociaux et économiques (SERAC) et Centre pour les droits économiques et sociaux (CESR) c. Nigéria, dans laquelle elle a estimé que 

«l'importance d'un environnement propre et sûr est étroitement liée aux droits économiques et sociaux dans la mesure où l'environnement affecte la qualité de vie et la sécurité de l'individu. Le droit à un environnement général satisfaisant impose donc des obligations claires à un gouvernement, exigeant  l'État de prendre des mesures raisonnables et autres pour prévenir la pollution et la dégradation écologique, promouvoir la conservation et assurer un développement et une utilisation écologiquement durables des ressources naturelles» [Communication 155/96 : Social and Economic Rights Action Center (SERAC) and Center for Economic and Social Rights (CESR) v. Nigeria (2001) CADHP]

En outre, dans sa résolution sur le changement climatique et les droits de l'homme en Afrique, la Commission a encouragé les États parties à renforcer la coopération régionale et internationale afin de parvenir à une action climatique forte, engagée et globale qui garantira la protection des droits de l'homme en Afrique  dans la mesure du possible, à la fois aujourd'hui et pour les générations futures. La résolution a en outre demandé aux États d'adopter et de mettre en œuvre les mesures spéciales de protection des groupes vulnérables tels que les enfants, les femmes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les communautés autochtones, entre autres. [ Résolution CADHP/Rés. 342(LVIII) 2016 sur le changement climatique et les droits de l'homme en Afrique, adoptée par la Commission lors de la58ème session ordinaire tenue en avril 2016]

Cependant, il est particulièrement préoccupant de constater que « plus que tout autre continent, l'Afrique est touchée par les conséquences du changement climatique, bien qu'elle ne contribue qu'à moins de 4% des émissions mondiales de gaz carbonique (CO-2). L'augmentation des conditions météorologiques extrêmes, y compris les tempêtes, les cyclones, les typhons, les inondations soudaines et les risques liés à la sécheresse, ont entraîné de nombreux revers dans le programme de développement des États membres de l'UA. » [Annuaire sur l'Union africaine Volume 3 (2022), pg.1]   La migration de masse en raison des risques liés au climat et de la faim, de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition qui y sont associées devient de plus en plus un phénomène courant. » [https://www.fao.org/africa/news/detail-news/en/c/1677563/# :~ :text=Malgré la contribution de%20Africa % 20low% 20%20to,défavorable%20impacts %20of%20climate%20change.] Le changement climatique s'avère être une menace pour l'humanité dans son ensemble, mais plus particulièrement pour les nations vulnérables.

Compte tenu de cela, le changement climatique est un sujet de plus en plus important pour les journalistes, afin de sensibiliser aux défis qui en découlent, de diffuser des informations pertinentes sur la vie des gens, en plus d'encourager une discussion ouverte sur des questions cruciales. Les populations en général, et plus particulièrement les journalistes, devraient être en mesure de parler librement du changement climatique et de ses impacts et d'exiger une action urgente des gouvernements et des entreprises en ce qui concerne le changement climatique. Par conséquent, la liberté d'expression, et plus particulièrement l'accès à l'information dans les États, sont essentiels pour permettre aux acteurs, qu'ils soient étatiques ou non étatiques, de bien comprendre les effets du changement climatique afin de pouvoir contribuer efficacement à l'élaboration de stratégies de gestion des conséquences du changement climatique et de protection des droits de l'homme des plus vulnérables. Le Rapporteur spécial recommande une divulgation maximale des informations relatives au changement climatique détenues par les autorités publiques. Il devrait donc y avoir une libre circulation de l'information. À cet égard, il est important de réaffirmer l'importance des droits à la liberté d'expression et à l'accès à l'information, en plus de souligner l'importance d'assurer un environnement propice au travail des journalistes, comme le prévoit le principe 20 de la Déclaration. Cela comprend la protection des journalistes et des professionnels des médias contre le harcèlement et la violence, à la fois hors ligne et en ligne, les arrestations et détentions arbitraires, la protection des lanceurs d'alerte, en plus du droit à la vie privée, y compris la confidentialité des communications et la protection des données personnelles.

À l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Rapporteur spécial en profite pour réitérer les droits inaliénables d'accès à l'information et de liberté d'expression, en plus de rappeler aux États parties leur responsabilité d'assurer la protection des droits consacrés à l'article 9 de la Charte africaine. Le Rapporteur spécial en profite également pour rendre hommage aux journalistes et autres professionnels des médias pour leur engagement inlassable, en particulier ceux qui  informent sur les questions liées à l'environnement et au changement climatique en Afrique.

Hon. Commissaire Ourveena Geereesha Topsy-Sonoo
Rapporteure spéciale sur la liberté d'expression et l'accès à l'information en Afrique