Communiqué de presse sur la situation en République de Guinée Bissau

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La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (la Commission) suit avec une grande attention et une vive préoccupation les récents événements liés au coup d’Etat survenu en Guinée-Bissau.

Selon les informations reçues hier, 26 novembre 2025 à la veille de la publication par la Commission électorale nationale des résultats provisoires des élections présidentielles et législatives du 23 novembre 2025, un groupe  autoproclamé Haut Commandement Militaire pour le Rétablissement de la Sécurité Nationale et de l'Ordre public (Haut Commandement militaire) a annoncé, lors d'une conférence de presse, la destitution  immédiate du  Président de la République sortant, la suspension de toutes les institutions de la République et des activités des médias ainsi que celle  du processus électoral en cours, entre autre mesures.

La Commission est profondément préoccupée par les informations faisant état de l'arrestation du Président de la République sortant (déjà libéré et se trouvant actuellement hors du pays), de plusieurs hauts fonctionnaires et dirigeants de la Commission Électorale Nationale, ainsi que de personnalités politiques.

La Commission exprime sa profonde préoccupation face à cette situation et réaffirme l’importance du respect de l’ordre constitutionnel et des principes de gouvernance démocratique consacrés par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ainsi que par d’autres instruments juridiques pertinents de l’Union africaine et des Nations Unies auxquels la République de Guinée-Bissau est partie.

La Commission souligne que la stabilité politique, le respect de la Constitution et la transition pacifique du pouvoir à la suite des élections, sont des éléments essentiels pour garantir la protection des droits fondamentaux, la paix et le développement durable dans nos pays. 
Dans ce contexte, la Commission exhorte les tenants du pouvoir et toutes les parties prenantes à la plus grande retenue et les appelle à œuvrer, dans un esprit de responsabilité et de dialogue inclusif. 

La commission appelle au rétablissement rapide et intégral de l’ordre constitutionnel, conformément aux décisions et orientations de l’Union africaine, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des autres organisations internationales impliquées dans ce processus.

La Commission appelle également le Haut Commandement militaire à prendre des mesures pour garantir la sécurité, la liberté et la dignité de tous les citoyens, y compris les défenseurs des droits humains, les journalistes et les acteurs politiques, en particulier les personnes détenues et à s’abstenir de tout acte susceptible de compromettre la situation des droits humains dans le pays.

La Commission exprime sa solidarité avec le peuple de Guinée-Bissau et encourage toutes les parties prenantes, aux niveaux national, régional et international, à soutenir les efforts visant le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel fondé sur la démocratie, la justice et l’état de droit.

La Commission reste attentive à l’évolution de la situation et ses conséquences prévisibles sur la jouissance des droits fondamentaux.

Fait à Banjul, le 28 novembre 2025.

Honorable Commissaire Idrissa Sow
Président de la Commission

Honorable Commissaire Maria Teresa Manuela
Commissaire en charge du suivi de la situation des droits de l’homme en République de Guinée Bissau