La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec beaucoup d’attention la situation des migrants en Libye, territoire traversé par l’un des itinéraires migratoires les plus meurtriers en Afrique.
La Commission est profondément alarmée et attristée par la découverte, dans le sud ouest de la Lybie, d’une fosse commune contenant au moins 65 corps de migrants, dont les nationalités, le genre, et les circonstances de décès ne sont pas encore identifiés. Selon les informations parvenues à la Commission, les migrants seraient morts durant leur traversée de manière clandestine du désert libyen.
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples présente ses sincères condoléances aux familles des victimes endeuillées et condamne toutes les violations des droits des migrants pouvant entrainer leur disparition, y compris le droit à la vie.
Rappelant sa Résolution CADHP/RES. 486 (EXT.OS/XXXI1I) 2021 sur les migrants et réfugiés disparus en Afrique et les conséquences sur leurs familles, et suite à cette énième tragédie, la Commission exprime une fois de plus sa profonde préoccupation face aux disparitions continues des migrants dans différentes circonstances, dues notamment à la recrudescence des flux migratoires irréguliers et l’utilisation des routes migratoires les plus précaires et les plus périlleuses. Les migrants, souvent extrêmement vulnérables, sont exposés à différents abus commis par les passeurs et les trafiquants, tels la traite des êtres humains, le trafic des migrants et d’autres formes de criminalité transnationale organisée.
La Commission reste persuadée par ailleurs, que pour améliorer le sort des migrants et mettre fin à de tels drames, il est nécessaire de développer des voies régulières pour une migration légale, et que les politiques et les pratiques de gestion des migrations devraient être fondées sur le respect des droits humains de tous les migrants
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples invite le gouvernement de l’Etat de la Libye à faire la lumière sur ce drame en menant une enquête rapide, impartiale et efficace pour situer les responsabilités, d’une part, et d’autre part, à faciliter, dans le strict respect de la dignité de la personne humaine, la récupération des corps des migrants décédés, leur identification et l’information de leurs familles dès que cela est possible.
La Commission rappelle enfin aux Etats Parties leurs obligations pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et la protection de tous les migrants, indépendamment de leur origine et de leur statut migratoire, et à toutes les étapes de leur parcours migratoire, découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des autres instruments internationaux et régionaux pertinents, y compris les « Principes directeurs africains relatifs aux droits de l’homme de tous les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile » (2023).
Hon. Commissaire Selma SASSI-SAFER
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique
Commissaire en charge de la promotion et de la protection des droits de l’homme en Libye