La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec beaucoup d’attention la situation alarmante des personnes déplacées notamment à l’intérieur de la République du Soudan (Soudan), mais également dans des pays voisins, plus particulièrement, le Soudan du sud, le Tchad, l’Egypte, l’Ethiopie et la République Centre Africaine.
La Commission est consternée, en ce début d’année, par le record jamais atteint de près de 10 millions de personnes déplacées à l’intérieur du Soudan et dans des pays voisins, engendrant la plus grande crise de déplacement au monde. Environs 7 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du Soudan (Organisation internationale des Migrations), alors que près de 3 millions ont fui le territoire vers d’autres pays (HCR).
La Commission africaine est d’autant plus préoccupée que le plus grand déplacement d’enfants au monde a lieu au Soudan (près de 4 millions selon l’UNICEF), et qu’une grande partie des déplacés sont des femmes et des personnes vulnérables, notamment des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, et des personnes souffrant de problèmes de santé ou de maladies chroniques.
La Commission est également extrêmement alarmée par la détérioration de la situation humanitaire des personnes déplacées. L’effondrement du système de santé, la malnutrition généralisée, souvent aigue pour les enfants, le manque d’eau potable et de médicaments, les conditions de vie désastreuses dans les sites formels et informels des déplacés, mènent à la propagation de nombreuses maladies, tel le choléra, la rougeole et le paludisme. Le surpeuplement des infrastructures d’accueil, souvent des abris de fortune, engendre de nombreuses violences physiques et mentales, abus et exploitation sexuelle à l’égard des personnes les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants.
Depuis que le conflit a éclaté au Soudan le 15 avril 2023, des millions de personnes ont dû fuir leurs foyers, tant à l’intérieur de leur pays qu’au-delà des frontières vers des zones souvent avec des infrastructures et des services d’aide très limités, ou dépassés en raison de l’afflux de nouveaux réfugiés. Récemment, la poursuite des combats acharnés entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, la propagation de la violence, notamment dans la région d’Al Jazira et du Darfour, ont contraint plus de 500 000 personnes à se déplacer (OCHA). Nombre de ces personnes, en provenance d’autres régions du Soudan, principalement de Khartoum, étaient déjà déplacées dans ces villes et se retrouvent ainsi déplacées plusieurs fois.
La Commission africaine appelle la communauté internationale à prendre des mesures concrètes face au plus grand déplacement de population au monde, et ne pas ralentir son soutien humanitaire, encore plus actuellement, suite au retrait de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan, qui a achevé officiellement son mandat.
Hon. Commissaire Selma SASSI-SAFER
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique
Hon. Commissaire Hatem ESSAIEM
Commissaire en charge de la promotion et de la protection des droits de l’homme en République du Soudan