Communiqué de presse sur la Déclaration du Président Tunisien relatif à la situation des migrants subsahariens en Tunisie

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La Rapporteure Spéciale sur les réfugies, les demandeurs d’asile, les déplacés internes et les migrants en Afrique et Commissaire en charge de la promotion et la protection des droits de l’homme en République de Tunisie, l’honorable Commissaire Maya Sahli Fadel, a appris avec consternation les propos tenus par son Excellence le Président de la Tunisie concernant la présence des migrants subsahariens en Tunisie, qui déclare que la venue des migrants en Tunisie « relèverait d’un complot visant à affaiblir l’identité arabo-islamique en Tunisie. » et qu’« Il existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie, et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens »

 

La Rapporteure Spéciale est particulièrement préoccupée par les propos contenus dans cette déclaration qui vont à l’encontre de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, notamment l’article 2 qui prohibe toute discrimination basée sur la race et l’article 5 sur le respect de la dignité de tout être humain.

 

La Rapporteure Spéciale rappelle que le discours xénophobe, outrageant, humiliant à l’endroit de la communauté subsaharienne des migrants est inapproprié de la part des plus hautes autorités et qu’il sert au contraire ce détonateur à la résurgence de tensions parmi la population aux conséquences souvent désastreuses.

 

Elle demande donc aux autorités tunisiennes de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des migrants sur son territoire et mettre un terme aux comportement et discours de haine qui contribuent au développement du racisme qui risque également d’impacter les populations tunisiennes de race noire.

 

La Rapporteure Spéciale rappelle en outre que la Tunisie est le premier pays en Afrique du nord et au moyen- orient à avoir adopté une loi sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et qu’à ce titre elle demande aux autorités tunisiennes de reconsidérer ce discours d’exclusion à l’endroit de migrants, accusé d’être à la source de crimes, de violences et d’actes inacceptables.

La Rapporteure Spéciale rappelle enfin ; que tout le monde peut devenir migrant à n’importe quel moment et que le statut de migrant régulier ou irrégulier ne saurait priver une personne de la dignité qui lui est due en tant qu’être humain.

 Fait à Banjul ce 25 février 2023

Commissaire Maya Sahli Fadel
Vice-Présidente de la Commission africaine
Commissaire en charge de la promotion et la protection des droits de l’homme en République de Tunisie
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile , les déplacés internes et les migrants en Afrique