Communiqué de presse sur le décès d’au moins 50 migrants soudanais au large de Tobrouk, dans l’Est de l’Etat de Libye

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Communiqué de presse sur le décès d’au moins 50 migrants soudanais au large de Tobrouk, dans l’Est de l’Etat de Libye

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) exprime sa profonde tristesse à la suite de l’incendie survenu le 14 septembre 2025 sur un canot pneumatique au large de Tobrouk, à l’Est des côtes libyennes, provoquant le décès d’au moins cinquante migrants soudanais. Selon les informations disponibles, environ soixante-quinze personnes se trouvaient à bord de l’embarcation au moment du drame. Vingt-quatre survivants ont été secourus et pris en charge médicalement.

La Commission adresse ses sincères condoléances aux familles des victimes et témoigne sa solidarité aux rescapés de ce naufrage.

Cette tragédie illustre une nouvelle fois les risques extrêmes auxquels sont confrontés les migrants qui, faute d’alternatives sûres, empruntent des routes maritimes de plus en plus dangereuses comme celle de la Méditerranée centrale, devenue l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde.

La Commission se déclare particulièrement préoccupée par la répétition de tragédies similaires, et rappelle que les politiques de gestion migratoire axées sur le renforcement des contrôles et l’externalisation de la gestion de la migration ne doivent pas se faire au détriment des droits fondamentaux des personnes migrantes.

La Commission rappelle que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, notamment en ses articles 4, 5 et 12, garantit à toute personne le droit à la vie, à la dignité et à la liberté de circulation, indépendamment de son statut migratoire. Les États parties ont l’obligation de protéger tous les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, conformément à leurs engagements internationaux et régionaux, notamment le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (2018), les Principes directeurs africains sur les droits de l’homme de tous les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile (2023), ainsi que la Résolution CADHP/Res.486 (2021) sur les migrants disparus en Afrique et les conséquences pour leurs familles.

La Commission appelle les États africains à intensifier leur coopération pour ouvrir des voies migratoires sûres et régulières, renforcer les opérations de recherche et de sauvetage, et lutter efficacement contre les réseaux de traite et de trafic de migrants.

Elle invite également l’Union africaine et ses partenaires internationaux à soutenir les pays de la région dans l’élaboration de politiques migratoires respectueuses des droits humains et dans la mise en œuvre de programmes de développement afin de s’attaquer aux causes profondes des départs forcés.

Banjul le 18 septembre 2025

Hon. Commissaire Selma SASSI-SAFER

Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d'asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique

Commissaire en charge de la situation des droits de l’homme dans l’Etat de Libye