Zimbabwe: Mission sur Prisons et conditions de détention, 1996

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Conclusion

 

La possibilité que j'ai eu de visiter toutes les prisons du Zimbabwe quasiment au pied levé (tout comme l'auteur de Prisons Talk avait pu le faire) est une indication claire du degré d'ouverture du système pénal du Zimbabwe. La récente introduction du système de travail d'intérêt général ne manquera pas d'avoir un impact sur la surpopulation pénitentiaire. Le fait que d'autres pays, au delà même de l'Afrique, en Asie et aux Amériques, s'inspirent du Zimbabwe pour leur réforme du système pénal est une source légitime de satisfaction et de fierté. De même, on ne peut que louer la coopération entre les Organisations Non Gouvernementales et les organismes inter-gouvernementaux qui travaillent ensemble à rendre le régime de détention plus humain. Pour cette raison, on doit prêter la plus grande considération aux critiques émises par les organisations non - gouvernementales.

 

Recommandations

 

1. La majorité des détenus (96% à peu près) était convenablement habillée. Une minorité (qui ne doit cependant pas être négligée) portait des • uniformes de prisonniers déchirés. Le fait qu'aucune tentative n'ait été faite pour les cacher aux regards prouve que l'administration n'avait pas tenté de programmer notre venue de manière à  dissimuler les problèmes. Il n'en demeure pas moins que la situation de ces prisonniers doit être améliorée. 

2. Les observations et critiques formulées dans Prisons Talk doivent être mûrement pesées et, lorsque c'est nécessaire, une solution doit être trouvée à ces problèmes.

3. Les services pénitentiaires doivent constamment rappeler à la police et aux procureurs le problème de la durée excessive de la détention provisoire, afin de les inciter à la réduire.

4. La décision de réviser les règlements édictés par le Directeur des Prisons devrait être mise en oeuvre comme cela a été le cas pour l'Acte des prisons (chapitre 7:11, édition révisée 1996).

5. La formation des membres du personnel pénitentiaire aux Droits de l'Homme, organisée en mai 1996 et évaluée 6 mois plus tard, doit être poursuivie comme prévu.

6. Le contrôle exercé sur le programme de Travail d'intérêt général ne doit pas se relâcher de peur que, si cette option était perçue par le public comme une solution remplaçant avantageusement les amendes ou la détention, elle ne conduise à une augmentation de la criminalité. 

7. En employant des anciens détenus chaque fois que cela s'avère possible, l'administration pénitentiaire devrait servir d'exemple à l'opinion publique et lui prouver que les prisonniers peuvent s'amender durant leur séjour dans les prisons du Zimbabwe.

8. Le Service des Affaires sociales devrait essayer d'étendre l'applicabilité du Travail d'intérêt général aux mineurs.

9. (i) Tout en saluant la conférence sur les sanctions pénales qui s'est tenue avec la participation des institutions judiciaires en août 1996, il apparaît aujourd'hui essentiel d'organiser une deuxième conférence impliquant le judiciaire, la police et les autorités pénitentiaires afin de faire progresser la réflexion sur les questions, les problèmes et les solutions débattus lors de la première conférence.

(ii) De même, une conférence réunissant le pouvoir judiciaire, le Barreau, la Faculté de Droit ainsi que les autorités pénitentiaires et policières, pourrait servir des objectifs similaires et l'administration pénitentiaire est vivement encouragée à faire en sorte que cette initiative voie le jour.