Déclaration de la Rapporteure spéciale sur les Réfugiés, les Demandeurs d’asile, les Personnes déplacées et les Migrants en Afrique, à l’occasion de la Célébration de la Journ

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 « Renforçons la collaboration pour une meilleure protection des réfugiés et des demandeurs d’asile en Afrique »

A l’occasion de la journée mondiale du réfugié  qui coïncide avec la journée du réfugié africain ( A/RES/55/76); la Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées et les migrants en Afrique, de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, Mme Maya Sahli Fadel (la Rapporteure Spéciale),  rappelle l’importance de protéger les réfugiés plus que jamais, notamment avec l’augmentation constante de leur nombre sur le continent.

En effet, le nombre de réfugiés en Afrique  a presque doublé, passant de 2,6 millions en 2011 à près de 5 millions en 2016 et ce chiffre ne cesse d’augmenter avec les nombreuses situations de conflits qui subsistent sur le continent, mais également la difficulté des pays hôtes à trouver des solutions durables à la situation des réfugiés de long terme, dont le nombre ne cesse de croitre.

Malgré les principes fondamentaux qui constituent les piliers de la protection des réfugiés tels que consacrés par les Conventions de Genève de 1951 et son protocole de 1967, et celle de l’Organisation de l’Unité Africaine régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique de 1967 (Convention de l’OUA), notamment le principe de non refoulement et le principe de non-discrimination ; la protection des réfugiés et des demandeurs d’asile, fait face à de nombreuses dérives, entre autres la répression policière , les détentions abusives ou arbitraires, la xénophobie , le racisme et parfois des expulsions .

La Rapporteure Spéciale, rappelle que la protection et le respect des droits des réfugiés, plus qu’un devoir sont une obligation pour les Etats parties, mais également pour leurs citoyens. En effet, être réfugié n’est pas un choix, mais une fatalité à laquelle tout être humain à un moment ou un autre de sa vie peut être confronté. Il est donc important de s’assurer que les droits du réfugié et particulièrement ceux inhérents à la dignité humaine soient respectés.

Face à la multiplication des situations tels que les conflits armés internes, les catastrophes climatiques et  d’attaques terroristes, qui contribuent à l’augmentation du nombre des réfugiés, sur notre continent, les Etats se doivent plus que jamais de respecter les principes et droits garantis par la Convention de Genève, de son Protocole et par la Convention de l’OUA, particulièrement à l’heure où la tentation d’en faire fi devient de plus en plus grande face aux défis que représente la protection des réfugiés.

Depuis  quelques décennies des pays sont devenus par la force des choses, des pays d’accueil par excellence ; due soit, à leur proximité géographique avec des pays en conflits, ou pour leur réputation de terre d’accueil. Cependant, cela ne se fait pas sans conséquences, particulièrement sur le long terme. Ainsi, la présence d’un nombre croissant de réfugiés de long terme sur le territoire de ces pays, constitue, actuellement, un réel défi, tant sur le plan, de la protection, du traitement et de l’assistance, que sur le plan économique, sécuritaire, mais également légal.

En effet, la faiblesse des moyens dont disposent les pays hôtes, couplée à l’inégale répartition du fardeau que représente l’accueil des réfugiés demeurent une constante préoccupation. L’une des causes principales de cet état de fait, réside dans l’inexistence, la rigidité et la faiblesse des politiques nationales en matière d’octroi de l’asile qui dépend de la souveraineté des Etats, mais également de l’absence d’une politique commune au niveau régional concernant la question des réfugiés.

L’adoption en janvier 2016 par l’Union Africaine de la Position africaine commune sur l’efficacité humanitaire(PAC), qui expose sa vision sur les questions humanitaires en conformité avec l’Agenda 2063, suivie de la Déclaration sur la protection des droits des réfugiés et des migrants adoptée en septembre 2016 par les Nations Unies, constituent des réels progrès concernant la protection des réfugiés et des demandeurs d’asile au niveau régional africain et international. Cependant sans mise en œuvre effective de ces textes, la situation demeurera inchangée.

Ainsi, la Rapporteure Spéciale encourage l’Union africaine à mettre en œuvre  dans les plus brefs délais la Position Africaine Commune sur l’efficacité humanitaire (PAC), et d’accélérer le processus de création de l’Agence Humanitaire Africaine  qui aura pour mandat de mettre en œuvre le programme d’action humanitaire continentale.

La Rapporteure  spéciale saisit également cette occasion pour demander aux Etats de l’Union africaine d’organiser des consultations nationales, régionales telles que prévues par la Déclaration de New York afin d’en assurer le suivi et la mise en œuvre effective en vue de garantir une meilleure protection des réfugiés et des demandeurs d’asile.

La Rapporteure Spéciale voudrait également encourager les Etats africains à intensifier leurs efforts de collaboration dans la recherche de solutions durables, notamment pour les réfugiés de long terme, qui peuvent constituer une valeur ajoutée positive dans la dynamique économique des pays hôtes.

Elle appelle plus particulièrement les Etats  africains à contribuer collectivement aux coûts liés à l’accueil des réfugiés, conformément au principe de la solidarité africaine et à la coopération internationale, tel que stipulé dans la Convention de l’OUA  régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique de 1969.

Enfin la Rapporteure Spéciale rappelle que bien que la responsabilité première de protéger incombe à l’Etat, il nous appartient à toutes et à tous de nous impliquer, pour que le respect des droits de l’homme soit effectif, car c’est notre responsabilité commune et partagée.

 

Banjul 20 juin 2017