Déclaration de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples sur les troubles en République Gabonaise

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La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (la Commission) suit les élections qui se sont déroulées en République Gabonaise le 27 août 2016 et est profondément préoccupée par les troubles qui ont éclaté peu après l'annonce, le 31 août 2016, des résultats de cette élection présidentielle très disputée.

La Commission est aussi très préoccupée par les pertes en vies humaines, les nombreux blessés, les arrestations massives de manifestants par les forces de sécurité et les destructions de biens à la suite de ces événements. Elle est particulièrement préoccupée par les informations alléguant d'une attaque perpétrée contre le siège de l'opposition par des agents des services de sécurité de l'Etat, alors que vingt-sept (27) membres de l'opposition y étaient séquestrés.

La Commission est également troublée par les informations selon lesquelles des organes de presse auraient été attaqués et incendiés par des individus encagoulés et le réseau Internet aurait été désactivé à Libreville depuis l'annonce des résultats de l'élection.

Par conséquent, la Commission exhorte les autorités du Gabon à faire montre de retenue dans la dispersion des manifestants, l'arrestation des présumés pilleurs et incendiaires ainsi qu'en autorisant les manifestations pacifiques, en application de l'article 11 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples (la Charte africaine).

La Commission appelle le Gouvernement de la République Gabonaise à garantir et à protéger le droit à liberté d'information et d'expression, prévu par l'article 9 de la Charte africaine, à ouvrir des enquêtes et intenter des poursuites, dans les meilleurs délais, contre les personnes impliquées dans les incendies criminels perpétrés contre les organes de presse.

La Commission prie les partis candidats à l'élection présidentielle à maintenir la paix dans l'intérêt de la nation et à tenter de résoudre le différend par les voies légales prévues par les lois du Gabon.

La Commission se réjouit de l'appel lancé par le leader de l'opposition, Jean Ping, et ses partisans, en faveur de la recherche d'autres voies pacifiques pour manifester et du renoncement à l'usage de la violence.

La Commission réaffirme qu'aux termes de la Charte africaine, le Gouvernement du Gabon a l'ultime devoir de respecter, de promouvoir et de protéger les droits humains de tous les individus qui se trouvent à l'intérieur de ses frontières.

Banjul, le 6 septembre 2016