« Vieillir est une grâce ; bien vieillir est l’affaire de tous»
Comme chaque année, la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (la Commission) à travers son Groupe de Travail sur les Droits des Personnes Agées et des Personnes Handicapées (GTDPAPH) se joint au reste du monde pour célébrer le 1er Octobre, Journée Internationale des Personnes Agées (JIPA). Ce 1er Octobre 2021, qui marque le 31ème anniversaire de la JIPA, le GTDPAPH ne déroge pas à cette tradition.
Le thème de l’Edition de cette année 2021 porte sur : « L’équité numérique pour tous les âges ».
Le Département des Affaires Economiques et Sociales de l’Organisation des Nations Unies décline ce choix de thème en cinq objectifs, à savoir :
- Sensibiliser à l'importance de l'inclusion numérique des personnes âgées, tout en luttant contre les stéréotypes, les préjugés et les discriminations associés à la numérisation en tenant compte des normes socioculturelles et du droit à l'autonomie ;
- Mettre en évidence les politiques visant à tirer parti des technologies numériques pour la pleine réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) ;
- Répondre aux intérêts publics et privés, dans les domaines de la disponibilité, de la connectivité, de la conception, de l'abordabilité, du renforcement des capacités, des infrastructures et de l'innovation ;
- Explorer le rôle des politiques et des cadres juridiques pour garantir la confidentialité et la sécurité des personnes âgées dans le monde numérique ; et
- Souligner la nécessité d'un instrument juridiquement contraignant sur les droits des personnes âgées et d'une approche intersectionnelle des droits de l'homme centrée sur la personne pour une société pour tous les âges.[1]
Tout en apportant son soutien aux objectifs tels que définis par l’Organisation des Nations Unies pour l’édition 2021, qui, d’ailleurs sont en accord avec la vision de la Commission sur ces questions, le GTDPAPH voudrait rappeler le cadre normatif et les politiques au niveau continental qui traitent des droits des personnes âgées et leur situation en rapport avec le numérique.
En effet, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (Charte Africaine), « tenant compte des vertus des traditions historiques et des valeurs de civilisation » des pays africains, lesquelles doivent inspirer et caractériser leurs réflexions sur la conception des droits de l’homme et des peuples, affirme en son article 18(4) que « les personnes âgées ou handicapées ont également droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques ou moraux ».
Ainsi, , les Etats membres de l’Union Africaine, lors de la 26éme session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement tenue à Addis-Abeba le 31 janvier 2016, ont adopté le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme relatif aux Droits des Personnes Agées, qui est le deuxième traité régional, après la Convention Américaine de Washington du 15 juin 2015, à dégager, énumérer et protéger l’ensemble des droits spécifiques aux personnes âgées. Le Protocole en son article 16(sur l’Accès à la formation) énonce que« les Etats parties s’engagent à donner l’opportunité aux personnes âgées d’accéder à la formation et d’acquérir des compétences en TIC ».
Le GTDPAPH, tout en se félicitant de cette avancée, déplore qu’au moment de la célébration de cette Édition 2021 de la JIPA, seulement dix-huit (18) Etats-parties aient signé ce Protocole, et que le nombre de ratification ne soit que de trois (03) sur le minimum de 15 ratifications requises pour l’entrée en vigueur de cet important instrument.
Le GTDPAPH souligne que dans laDéclaration d’Addis-Abeba sur les Technologies de l’Information et de la Communication en Afrique : Défis Et Perspectives Pour Le Développement (Doc. Assembly/AU/11(XIV), adoptée par la Quatorzième Session Ordinaire de la Conférence à Addis-Abeba (Ethiopie) le 2 février 2010, les Etats africains font du secteur des TIC, un« secteur de haute priorité » dans leurs « programmes de développement » et exhortent « par conséquent, les Etats membres et les partenaires au développement à considérer les infrastructures, les services de Télécommunications et les TIC, comme des infrastructures utilitaires publiques fondamentales ». [2]
Il rappelle en outre que la Convention de l’Union Africaine sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel, adoptée par la 23ème Session Ordinaire de la Conférence de l’Union à Malabo, le 27 juin 2014, souligne que « […] la protection des données à caractère personnel ainsi que la vie privée se présente comme un enjeu majeur de la Société de l’information, tant pour les pouvoirs publics que pour les autres parties prenantes […] ».[3]
De plus, il rappelle que dans la Résolution CADHP/Rés.362(LIX)2016) sur le droit à la liberté d’information et d’expression sur Internet en Afrique, la Commission reconnaît à la fois, la nécessité de combler la fracture numérique désavantageant considérablement le continent africain, et l’importance d’Internet pour faire avancer les droits de l’homme et des peuples en Afrique, en particulier le droit à la liberté d’information et d’expression.
Le GTDPAPH constate cependant que le retard de l’Afrique dans ce domaine est inversement proportionnel à son niveau de détention de la matière première nécessaire à la construction de l’industrie numérique.
Il rappelle donc la Déclaration Sharm El Sheik (Egypte), du 26 octobre 2019, sur la stratégie africaine de transformation numérique, qui met particulièrement l'accent sur la stratégie africaine de transformation numérique (DTS), la communication de l'Union Africaine et la stratégie de plaidoyer (CAS), ainsi que sur la ligne directrice de l'Union sur la marque et le style de communication, adoptée par les ministres africains responsables de la communication et des technologies de l'information et de la communication (CICT).
Tout en réaffirmant le rôle important que jouent les technologies numériques et l’innovation dans la réalisation de la vision et des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et des ODD des Nations-Unies, tel qu’affirmé par les ministres lors de leur troisième réunion du Comité technique spécialisé (STC-CICT3), le GTDPAPH tient à réitérer sa position selon laquelle l’initiation et la formation des personnes âgées au numérique est nécessaire pour la réalisation de l’Afrique que nous voulons.
Le GTDPAPH considère que la ratification du Protocole à la Charte relatif aux Droits des Personnes Âgées constitue un grand pas dans la bonne direction. Dans ce sens, le GTDPAPH exhorte les Etat-parties à la Charte Africaine, qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier ce document fondamental pour la protection des droits de la Personne Âgée en Afrique.
Sur cette exhortation, le Groupe de Travail souhaite une heureuse JIPA à toutes les personnes âgées du monde, et plus précisément, à celles en situation de double vulnérabilité et les plus à risque en cette période de prévalence de la pandémie COVID 19, comme les femmes âgées, les personnes âgées handicapées, réfugiées, déplacées internes, victimes de catastrophes naturelles.
Pour le Groupe de Travail sur les droits des personnes âgées et les personnes handicapées
La Présidente,
Marie-Louise ABOMO
[1] Nations Unies, Journée Internationale des Personne Agées : 1er Octobre https://www.un.org/fr/observances/older-persons-day
[2] Déclaration d’Addis-Abeba sur les Technologies de l’information et de la Communication en Afrique : Défis Et Perspectives Pour Le Développement (Doc. Assembly/AU/11(XIV) : https://archives.au.int/bitstream/handle/123456789/270/Assembly%20AU%20Decl%201%20%28XIV%29%20_F.PDF?sequence=2&isAllowed=y.
[3] Convention de l’Union Africaine sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel : https://www.afapdp.org/wp-content/uploads/2018/06/CONV-UA-CYBER-PDP-2014.pdf .