Declaration du groupe de travail sur les droits des personnes agees et des personnes handicapees en afrique de la commission africaine des droits de l’homme et des peuples, a

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À l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées (JIPH), ce 3 décembre 2020, le Groupe de travail sur les droits des personnes âgées et des personnes handicapées en Afrique de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples se joint, comme le veut la tradition, aux célébrations qui se déroulent dans le monde entier et qui visent à promouvoir une meilleure compréhension des questions liées au handicap et à mobiliser le soutien nécessaire pour garantir la dignité, les droits et le bien-être des personnes handicapées.

Le thème des Nations Unies pour la Journée internationale des personnes handicapées de cette année est le suivant : « Reconstruire en mieux – Vers un monde post-COVID-19 inclusif, accessible et durable ».

Il convient de noter qu’après avoir adopté le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes handicapées (Protocole relatif aux personnes handicapées en Afrique), la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), par le biais de son Groupe de travail sur les droits des personnes âgées et des personnes handicapées en Afrique, s’est engagée à promouvoir l’adoption du Protocole dans tous les États membres de l’Union africaine.

Le Protocole relatif aux personnes handicapées en Afrique a par la suite été adopté par le Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de l’UA, le 29 janvier 2018.Un projet de Loi type sur le Handicap (MDL) a été élaboré et adopté par le Parlement panafricain (PAP) le 19 octobre 2019, pour l’accompagner. La MDL facilitera l’intégration du Protocolerelatifaux personnes handicapées en Afrique dans les États membres de l’UA une fois qu’il aura été adopté par le Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de l’UA.

Le Groupe de travail réitère par conséquent son appel aux États membres de l’Union africaine pour qu’ils ratifient le Protocole en tant que priorité absolue et s’engagent à promouvoir et à protéger les droits des personnes handicapées vivant dans leurs pays respectifs. Cela devrait aller de pair avec la nécessité de commencer sans délai à élaborer des stratégies de programmation et de mise en œuvre.

Le thème de la Journée internationale des personnes handicapées reconnaît le fait que la pandémie de COVID-19 a touché tous les groupes de population à tous les niveaux de la société, sans discrimination aucune.En mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l’apparition d’une nouvelle maladie à coronavirus, la COVID-19, comme étant une pandémie, en raison de la rapidité et de l’ampleur de sa transmission.

Les personnes handicapées peuvent être plus exposées au risque de contracter la COVID-19 en raison de ce qui suit :

  1. Les obstacles à l’application des mesures d’hygiène de base, telles que le lavage des mains (par exemple, les lavabos ou les éviers peuvent être physiquement inaccessibles, ou une personne peut avoir des difficultés physiques à se frotter les mains à fond) ;
  2. La difficulté à respecter une distanciation sociale, du fait des besoins de soutien supplémentaire ou parce qu’ils sont institutionnalisés ;
  3. La nécessité de toucher les objets, d’obtenir des informations ou de bénéficier d’un soutien physique ;
  4. Les obstacles à l’accès aux informations en matière de santé publique.

Selon les conditions sanitaires sous-jacentes, les personnes handicapées courent un risque plus élevé de développer des cas plus graves de COVID-19 si elles sont infectées. Cela peut être dû à ce qui suit :

  1. La COVID-19 aggravant les conditions sanitaires existantes, en particulier celles liées à la fonction respiratoire, au fonctionnement du système immunitaire, aux maladies cardiaques ou au diabète ;
  2. Les obstacles à l’accès aux soins de santé ;
  3. Les personnes handicapées peuvent également être touchées de manière disproportionnée par l’épidémie en raison de graves perturbations au niveau des services sur lesquels elles comptent.

 « A UN Policy Brief: A Disability-Inclusive Response to COVID-19 »(Note de synthèse des NU : Inclusion du handicap dans la riposte à la COVID-19), publié en mai 2020, note que, creusant les inégalitéspréexistantes et révélant l’ampleur de l’exclusion, la crise mondiale liée à la COVID-19 montre combien l’inclusion du handicap est indispensable. Au nombre d’un milliard, les personnes en situation de handicap forment un des groupes les plus exclus de la société et comptent parmi les plus durement touchées par la crise actuelle, en termes de décès.

La note de synthèse souligne la nécessité de garantir l’inclusion systématique du handicap dans toutes les interventions relatives à la riposte à la COVID-19 et à la relance consécutive, en y associant des actions ciblées ; de garantir l’accessibilité des informations, des installations, des services et des programmes dans la riposte à la COVID-19 et la relance consécutive ; de garantir que les personnes en situation de handicap et les organisations qui les représentent soient dûment consultées et participent activement à tous les stades de la riposte à la COVID-19 et de la relance consécutive, et de mettre en place des cadres de responsabilité garantissant l’inclusion du handicap dans la riposte à la COVID-19.

Le groupe de travail réaffirme le fait que les soins de santé ne peuvent être, ni universels, ni équitables, s’ils sont moins accessibles à certaines catégories de la société qu’à d’autres.Le concept de « Santé pour tous » affirme que la réalisation de la santé pour tous dans le cadre du développement global commence par des soins de santé primaires fondés sur « des méthodes et des techniques pratiques, scientifiquement valables et socialement acceptables, rendues universellement accessibles à tous les individus et à toutes les familles de la communauté avec leur pleine participation et à un coût que la communauté et le pays puissent assumer.... » (Déclaration d’Alma-Ata 1978). Depuis cette Déclaration, tous les pays ont été exhortés à tenir compte du concept de la Santé pour tous, lors de la formulation de politiques et de plans d’action.On croyait qu’en interprétant la Santé pour tous dans un contexte national social, politique et de développement, chaque pays serait en mesure de contribuer à l’objectif global de la « Santé pour tous ».

Les politiques de santé fondées sur la valeur et l’importance de l’équité veillent à ce que les services de santé visant à lutter contre le virus de COVID 19 soient répartis équitablement au sein de la population.Cela signifie que la priorité est accordée aux groupes de population pauvres, vulnérables et socialement marginalisés, tels que les personnes handicapées et les personnes âgées, au sein ou hors des établissements de soins.

Le Groupe de travail invite tous les pays africains à veiller à ce que des stratégies d’intégration soient mises en place dans tous les secteurs du gouvernement afin de prendre pleinement en compte les personnes handicapées dans les stratégies de riposte à la COVID 19 et les plans de relance.

Par ailleurs, le Groupe de travail demande à tous les pays africains d’accorder la priorité aux interventions, stratégies et programmes en faveur des personnes handicapées, en évitant, à tout moment, de réduire les budgets des programmes et services destinés aux personnes handicapées.

Toutes les informations et les stratégies de riposte à la COVID 19 doivent être rendues accessibles à un large éventail de personnes handicapées, notamment par le biais de stratégies, de discussions de groupe, de sensibilisation à travers les médias sociaux sur des sujets tels que l’accès à l’éducation inclusive, la distanciation sociale et la protection contre la COVID 19. Les stratégies d’éducation et de sensibilisation doivent atteindre toutes les personnes handicapées, y compris les enfants, les jeunes et les adultes (en particulier les femmes) handicapés.

Le groupe de travail invite les États membres de l’UA à offrir des possibilités de recherche sur le handicap dans le cadre de la COVID 19 ; à partager, interagir et communiquer les résultats de cette recherche Le groupe de travail appelle tous les pays africains à identifier les opportunités/ contraintes, les domaines nécessitant une intervention urgente, les idées de réponses, les expériences, les propositions et les allocations budgétaires pour l’inclusion du handicap dans la riposte à la COVID-19.Le Groupe de travail affirmela nécessité de soutenir les organisations de personnes handicapées (OPH), les dirigeants, les activistes, les parents et les communautés dans leur plaidoyer et de demander des comptes aux responsables, notamment les centres de contrôle de la COVID 19 et autres, et qu’ils soient sensibles aux besoins des personnes handicapées.

Le Groupe de travail exhorte  les pays africains à coopérer, au-delà des frontières, sur les stratégies liées à la prévention, à la gestion et aux autres réponses au virus de COVID 19, notamment en ce qui concerne l’accès aux vaccins et aux traitements.

À ce stade, le Groupe de travail tient à souligner, une foisencore, qu’il soutient pleinement les initiatives de diverses parties prenantes, les Stratégies sur le Handicap de l’Union africaine, la Stratégie d’Inclusion du Handicap des Nations Unies, visant à garantir que les personnes handicapées ne soient pas laissées pour compte dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le Développement durable, conformément à l’engagement des Nations unies.Toutes les mesures devraient être mises en place pour garantir que les personnes handicapées participent aux actions ou aux plans relatifs à leurs droits et à leurs conditions, en assurant leur appropriation ainsi qu’une identification claire des défis auxquels elles sont confrontées et une formulation adéquate de solutions appropriées.

Le Groupe de travail souhaite à toutes les Personnes handicapées et à leurs défenseurs, dirigeants, représentants et soignants une heureuse célébration de l’édition 2020 de la Journée internationale des personnes handicapées et est optimiste quant à l’élimination du virus de COVID 19.

Fait le 3 décembre 2020 à Banjul, République de Gambie