La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (la Commission) est saisie depuis quelques mois de rapports faisant état d'une détérioration grave et continue de la situation des droits de l’homme au Cameroun en général et, en particulier, dans les régions anglophones.
Elle a récemment été mise en possession d'une vidéo montrant des actes d’exécutions sommaires qui auraient été, semble-t-il, perpétrés par des éléments présentés comme des membres des Forces Armées Camerounaises, à l’encontre de deux femmes et de leurs enfants qui, selon les commentaires accompagnant ladite vidéo, appartiendraient au Groupe terroriste armé Boko Haram.
La Commission est préoccupée par le contenu de cette vidéo dont les faits, s'ils étaient avérés, constituent une violation grave des droits de l’homme, particulièrement du droit à la vie, à l’intégrité et à la sécurité tels que prévus et garantis par l’article 4 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et par d’autres conventions régulièrement ratifiés par l'Etat partie du Cameroun.
La Commission prend note, de la décision annoncée par les Autorités du Cameroun de diligenter une enquête afin de faire toute la lumière sur ces actes en vue d'en authentifier la véracité.
Elle les encourage à mener les investigations appropriées, avec toute la célérité requise et en toute impartialité, afin de s’assurer que les auteurs soient nommément identifiés et traduits devant les juridictions compétentes.
La Commission, saisit également cette opportunité pour exhorter l’Etat du Cameroun à mener des investigations sur toutes les allégations d'exécutions sommaires qui seraient survenues au Cameroun depuis octobre 2016.
La Commission rappelle, que la protection des citoyens camerounais ainsi que celle de toutes personnes résidant sur le territoire du Cameroun incombe en premier lieu au Gouvernement en vertu de ses obligations découlant des instruments régionaux et internationaux pertinents des droits de l’homme par lui ratifié.
La Commission réitère une fois de plus son appel aux différentes parties prenantes à s’engager dans un dialogue constructif afin de mettre un terme immédiat aux multiples violations des droits de l’homme en cours au Cameroun.
La Commission demeure saisie de la situation des droits de l’homme au Cameroun et exhorte les Autorités de bien vouloir réserver une suite favorable et rapide à la demande de mission générale de promotion des droits de l’homme qui qui lui a été adressée par les voies diplomatiques appropriées , en vue d'accompagner les efforts entrepris pour la réconciliation et le retour de la paix .
Banjul le 16 juillet 2018