Célébration du Journée des Droits de l'Homme en Afrique: 30 Ans après l'Adoption du Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples

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La Commission Africaine Droits de l’Homme et des Peuples depuis sa mise en place en 1987 est l’organe de mise en œuvre par excellence des droits garantis par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples adoptée à Nairobi au Kenya le 21 octobre 1981 et entrée en vigueur en juin 1986.

Dans le cadre de la double mission de promotion et de protection des droits de l’homme qui lui est confiée aux termes des articles 30 et 45 de la Charte africaine, la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, réunie en sa 5ème Session Ordinaire tenue à Benghazi en Libye en 1989, a adopté une Résolution [ACHPR /Res.1(V)89] sur la célébration d'une Journée Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples. C’est à ce titre que les Etats membres de l'Organisation de l’Unité Africaine, devenue en 2000 l’Union africaine, commémorent le 21 octobre de chaque année, la journée africaine des droits de l'homme. 

Il s’agit cette année 2011 d’un événement historique qui coïncide avec la commémoration du trentième (30) anniversaire de l’adoption de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Toute la communauté africaine ; les acteurs politiques et sociaux, les représentants de la société civile, les partenaires techniques à divers niveaux, ou tout simplement les amis de l’Afrique se sont joints à la commission africaine des droits de l’homme et des peuples pour sacrifier à la tradition, mais surtout pour faire le bilan de la mise en application de la charte africaine.

Nous célébrons l’événement à un moment où les acteurs politiques africains et l’Union africaine en l’occurrence engagent la réflexion sur les valeurs partagées en Afrique et sur une stratégie idoine pour les droits de l’homme sur le Continent. Il faut reconnaitre qu’à ce jour, la Charte africaine est considérée à l’unanimité comme l’une des valeurs les mieux partagées en Afrique et un document capital pour la Stratégie Africaine des droits de l’homme. L’événement se produit aussi à un moment où les peuples d’Afrique aspirent à des changements légitimes et profonds et à une meilleure prise en compte de leurs droits humains fondamentaux et de leur droit à la démocratie et à l’état de droit.

Nous notons aussi avec beaucoup de préoccupation que les violations massives des droits de l’homme se poursuivent impunément dans certains Etats parties à la charte Africaine et que les conflits politiques y posent de sérieux problèmes de bonne gouvernance et d’alternance démocratique. Nous célébrons cette journée africaine des droits de l’homme dans un contexte particulier de désastres humanitaires engendrés à la fois par la crise alimentaire mondiale et la pauvreté dans certains cas et par les conflits armés dans d’autres tels au Sud Soudan et en Somalie.

Toutes ces situations nous interpellent en ce jour anniversaire de la charte africaine qui, à la lumière des débats engagés sur le bilan de sa mise en œuvre, a atteint un degré d’application qui reste perfectible.

Nous devrions donc aller au recueillement et à la méditation. Nous devrions tous nous demander ce que nous avons fait dans nos maisons, dans nos campagnes, dans nos communautés, sur nos lieux de travail et partout où besoin est pour que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples soit réellement connue et que les droits qu’elle garantit soient effectivement promus, respectés et défendus.

Au- delà de cette simple célébration, la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples a toujours joué et continue de jouer un rôle prépondérant dans la diffusion de la Charte Africaine et par conséquent des droits de l’homme à travers le continent. C’est d’ailleurs à ce titre qu’elle a mis les travaux de sa 50ème Session Ordinaire qui vont s’ouvrir le 24 octobre 2011 sous le signe des défis et des opportunités pour la promotion et la défense des droits de l’homme en Afrique.

Je formule le vœu que tous les africains et toutes les africaines s’approprient cette Charte qui reste pour nous peuples africains un outil de référence, un instrument juridique solide de promotion et de protection des droits humains qui survivra à l’usure du temps.

Que vivent les droits humains en Afrique !

Et que vive l’Afrique !

 

Banjul le 21 Octobre 2011,

Mme REINE ALAPINI-GANSOU

Présidente de la Commission Africaine Des Droits de l’Homme et des Peuples