La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (Commission africaine) continue à suivre très attentivement la détérioration de la situation des droits de l’homme dans les pays de l’Afrique du Nord, états parties à la Charte Africaine de Droits de l’homme et des Peuples (la Charte africaine).
La Commission est particulièrement préoccupée par les violations graves et massives des droits de l’homme qui interviennent dans la Grande Jamahiriya Arabe libyenne populaire et socialiste. Elle condamne la violence et l’usage de la force contre les populations civiles et la répression des manifestants pacifiques. La Commission africaine exhorte le Gouvernement de la Grande Jamahiriya Arabe libyenne populaire et socialiste, à mettre immédiatement un terme à la violence contre la population civile et à prendre les mesures idoines pour veiller au respect des droits humains de ses citoyens ainsi que de l’ensemble de ses habitants. Elle exhorte le Gouvernement de la Grande Jamahiriya Arabe libyenne populaire et socialiste à respecter le droit à la liberté d’expression, de réunion, le droit de manifester pacifiquement et à assurer la sécurité de ses citoyens, tels que garantis par la Charte africaine.
Concernant la République algérienne démocratique et populaire, la Commission africaine exprime sa vive préoccupation face à la détérioration de la situation des droits de l’homme dans ce pays. Elle condamne la violence et l’usage de la force contre les populations civiles, et invite le Gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire à, non seulement assumer sa responsabilité de protéger sa propre population, mais aussi à agir avec retenue et à respecter les droits et libertés de ses citoyens. En outre, la Commission africaine déplore l’arrestation et la mort de civils innocents qui constituent une violation du droit international et une violation manifeste de la Charte africaine. Elle appelle à la cessation immédiate de toutes les arrestations arbitraires et exhorte le Gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire à poursuivre son engagement à libérer toutes les personnes arrêtées illégalement lors des manifestations.
S’agissant de la République de Tunisie et de la République arabe d’Egypte, la Commission africaine se félicite du processus de transition politique amorcée dans ces pays. Elle félicite en outre les peuples de ces Etats de la manière pacifique, courageuse et organisée avec laquelle ils ont exercé leurs droits légitimes.
Consciente des pertes matérielles et en vies humaines enregistrées dans ces deux pays à ce jour, la Commission africaine insiste sur la nécessité pour toutes les parties concernées de faire preuve de retenue et d’œuvrer, par l’instauration d’un dialogue, à la recherche d’une solution consensuelle tenant compte des aspirations des populations. Elle souligne la nécessité de procéder à des réformes appropriées, notamment la tenue d’élections libres et démocratiques, respectant leur dignité et leurs droits fondamentaux.
La République Tunisienne et la République arabe d’Egypte ont désormais une occasion précieuse de mettre en place des institutions capables de promouvoir et de protéger les droits de l’homme dans leur pays et pouvant servir d’exemple à suivre dans toute l’Afrique.
La Commission africaine insiste sur la nécessité, en ces temps difficiles de transition en Afrique du Nord, de respecter pleinement les droits de l’homme et les libertés civiles et de garantir un dialogue authentique et inclusif.
La Commission africaine continue de suivre les développements qui interviennent dans la sous région, nord Africaine et exhorte l’Union Africaine à contribuer à la réalisation effective des droits de l’homme et des peuples, au respect de l’ordre constitutionnel et de la démocratie dans ces pays.
Ce n'est que lorsque les droits fondamentaux d’autrui sont respectés que l’on peut garantir effectivement la véritable liberté.
Fait a Banjul, 25 février 2011