La Rapporteure Spéciale de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) sur les défenseurs des droits de l’Homme en Afrique, Me Reine Alapini-Gansou exprime sa profonde inquiétude suite aux informations reçues concernant le harcèlement du défenseur des droits humains Mr. Jean-Paul Noël Abdi, président de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH).
Selon des sources dignes de foi, le passeport de M.Jean-Paul Noël Abdi lui aurait été confisqué une demie heure après sa mise en liberté provisoire par le président de la Chambre des flagrants délitsdu Tribunal de première instance de Djibouti le 11 mars 2007. À sa sortie de prison, deux officiers du Lieutenant Colonel Omar H. Hassan se seraient rendu au domicile M. Jean-Paul Noël Abdi pour se saisir de son passeport dans le but l'empêcher de se rendre au Burkina Faso où il était convié au congrès de l’Union inter-africaine des droits de l’Homme (UIDH) prévu le 15 mars 2007.
Selon des sources indépendantes, le 9 mars 2007, M. Jean-Paul Noël Abdi aurait été arrêté à son domicile sans mandat à 9 heures du matin et conduit dans les locaux de la brigade criminelle. Il aurait été placé en garde à vue vers 13h00 puis transféré à la prison de Gabode le samedi 10 mars, sur décision du Ministère public et il n'aurait jusqu'à présent pas été informé des motifs de son arrestation.
La Rapporteure spéciale exprime ses vives préoccupations, surtout qu’il s’avère que les actes de harcèlement continus contre M. Jean-Paul Noël Abdi seraient liés à son travail légitime de défense et de promotion des droits humains, et plus particulièrement la découverte et la dénonciation par son Organisation d’un charnier dans le village du Day (district de Tadjourah) contenant les corps de sept civils qui auraient été tués par les forces gouvernementales le 1 er janvier 1994.
La Rapporteure spéciale demande aux autorités de Djibouti de restituer à M. Jean-Paul Noël Abdi son passeport, de l’autoriser à voyager et de garantir son intégrité physique et psychologique. Elle prie le Gouvernement de Djibouti de prendre toutes les mesures à l'effet de garantir à tous les autres défenseurs des droits de l’Homme en République de Djibouti, la liberté d’exercer leurs activités de défenseurs des droits de l’Homme sans crainte de représailles. La Rapporteure spéciale exhorte également le Gouvernement de Djibouti à garantir à M. Jean-Paul Noël Abdi un procès juste et équitable conformément à l’article 7 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.
La Rapporteure spéciale rappelle au Gouvernement de Djibouti ses responsabilités vis-à-vis de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, notamment en ses articles 1 et 12(3) et des dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.
La Rapporteure spéciale invite le gouvernement de Djibouti à respecter les obligations contenues dans les Déclarations de Grand Baie et de Kigali, ainsi que d’autres instruments Internationaux relatifs aux droits humains ratifiés par Djibouti, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.