Communiqué de presse sur la détention de M. Benjamin Luanda Mitsindo

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La Rapporteure Spéciale au sein de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP) sur les Défenseurs des Droits de l’Homme en Afrique, Me Reine Alapini-Gansouexprime sa profonde inquiétude suite aux informations reçues concernant la détention illégale pendant plus de 50 jours du défenseur des droits humains Maître Benjamin Luanda Mitsindo, Avocat et Président de l’ONG basée à Goma « Action pour un Congo pacifié et développé » (ACPD) .

La Rapporteure Spéciale exprime une inquiétude particulière suite aux rapports reçus concernant le transfert de M. Benjamin Luanda Mitsindo au cachot de l’état major des Renseignements militaires à Kinshasa le 6 mars 2007. Avant d'être transféré, M. Benjamin Luanda Mitsindo était détenu à la résidence privée du Colonel Diur, après avoir été embarqué pour Kinshasa par ce dernier dans un jet militaire en date du 26 février.

La Rapporteure Spéciale est profondément inquiète suite aux rapports qui allèguent que M. Benjamin Luanda Mitsindo aurait été détenu incommunicado dans un lieu de détention non officiel (la résidence privée de Colonel Diur) à partir du 26 février et qu'il aurait été torturé.

Selon des sources indépendantes, M. Benjamin Luanda Mitsindo aurait été arrêté en date du 18 janvier sans mandat d'arrêt sous les ordres du Général John Numbi, Commandant des Forces Aériennes de la République Démocratique du Congo. Il était détenu à Goma au cachot de la Direction des Renseignements et de Sécurité ( T2)” de la huitième région militaire de Goma.

La Rapporteure Spéciale est aussi préoccupée par la santé de MBenjamin Luanda Mitsindo qui souffrirait du paludisme et qui ne serait pas autorisé à accéder à un médecin pour suivre un traitement médical. Il se pourrait également qu'il lui soit refusé l'accès à un avocat et que sa famille ne soit pas autorisée à lui rendre visite.

La Rapporteure Spéciale exprime ses vives préoccupations, surtout s’il s’avère que les actes de harcèlement continus contre Benjamin Luanda Mitsindo seraient liés à son travail légitime de défense des droits humains, mené en particulier, dans le cadre de ses activités pacifiques avec l’APCD.

La Rapporteure Spéciale en appelle aux autorités de la RDC de relâcher immédiatement MBenjamin Luanda Mitsindo, de prendre toutes les mesures nécessaires pour ouvrir une enquête adéquate, impartiale et rapide, au cas où les faits présumés seraient avérés, et de garantir l'intégrité physique et psychologique de MBenjamin Luanda Mitsindo et de tous les autres défenseurs des Droits de l’Homme en RDC. La Rapporteure Spéciale exhorte également le Gouvernement de la RDC à autoriser des visites des membres de sa famille, de lui permettre l'accès à son avocat et de pouvoir rencontrer un médecin pour subir les traitements médicaux nécessaires.

La Rapporteure Spéciale rappelle au Gouvernement de la RDC ses responsabilités vis-à-vis de la Déclaration des Nations Unies sur les Défenseurs des Droits de l’Homme, notamment ses articles 1 et 12.2 et des dispositions de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.

La Rapporteure Spéciale invite le gouvernement de la RDC à respecter les obligations contenues dans les Déclarations de la Grande Baie et de Kigali, ainsi que d’autres instruments Internationaux relatifs aux droits humains ratifiés par la RDC, en particulier le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques ainsi que la Convention Contre la Torture.