La Rapporteure Spéciale de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) sur les Défenseurs des Droits de l’Homme en Afrique, Me Reine Alapini-Gansou exprime sa profonde inquiétude suite aux informations reçues concernant le harcèlement des Défenseurs des Droits de l’Homme dans le cadre de leurs activités syndicales en Guinée.
La Rapporteure Spéciale exprime une inquiétude particulière suite aux rapports reçus concernant une interdiction violente d’une manifestation pacifique organisée à Conakry le 17 Janvier 2007. La manifestation était organisée en vue de soutenir une grève générale entamée le 10 Janvier 2007, par les syndicats en Guinée, lançant un appel au Président Lansana Conte à l’effet de trouver une solution à un certain nombre de problèmes socio-économiques tels que l’inflation, le dysfonctionnement dans la gestion des affaires publiques, la corruption et l’impunité.
La Rapporteure Speciale est extrêmement préoccupée suite aux rapports attestant que les forces de sécurité ont utilisé des moyens violents pour disperser la foule, moyens comprenant l’usage des balles en coutchouc, du gaz lacrymogènes et munitions. Selon des sources independantes, plus d’une centaine de personnes seraient mortes, plusieurs auraient été blessées, et des millions de dommages matériels occasionés depuis le début de la grève. En outre, le 12 Février, 3 des 4 radios privées dont Radio Liberté et Radio Familia auraient été fermées.
La Rapporteur Spéciale est également préoccupée par le harcèlement de nombreux participants au mouvement de protestation, comprenant en particulier les leaders des syndicats Dr Ibrahima Fofana, Secrétaire Général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), Mme Hadja Rabiatou Diallo, Secrétaire Générale de la Confédération Nationale des Travailleurs Guinéens (CNTG), M Yamadou Touré, Secrétaire Général de l’Organisation des Syndicats libres de Guinée (ONSLG) et M Abdoulaye Baldé, Secrétaire Général de l’Union Démocratique des Travailleurs de Guinée.
La Rapporteure Spéciale a été informée que le 22 Janvier, plusieurs membres de la garde rapprochée du Président de la République, Les Berêts Rouges auraient saccagé l’ensemble des bureaux et des ordinateurs et ont passé à tabac de nombreux syndicalistes à coup de crosse. Plus de 20 syndicalistes dont Dr Ibrahima Fofana, Mme Hadja Rabiatou Diallo, M Yamadou Touré and M Abdoulaye Baldé, ont été également frappés et arrêtés. Ils n’ont été libérés que dans la nuit du 22 au 23 Janvier 2007.
Il a été également rapporté que Dr Ibrahima Fofana et d’autres syndicalistes comme M Louis Mbemba Soumah, Secrétaire Général du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG), affilié à USTG, M Ahmadou Diallo, premier secrétaire Général de CNTG auraient reçu des menaces de mort en Juin 2006.
La Rapporteure Spéciale est préocuppée par cette situation en Guinee puisqu’aussi bien, le harcèlement continu des Défenseurs des Droits de l’Homme en Guinée, et en particulier les récentes allégations de bastonnades ainsi que les arrestations de ceux qui plaident pour les droits des travailleurs, seraient en rapport avec leurs activités de défenseurs des droits de l’homme et particulièrement leurs activités syndicales.
La Rapporteure Spéciale en appelle aux autorités Guinéennes de prendre toutes mesures nécéssaires à l’effet de garantir, à tous les défenseurs des droits de l’Homme y compris les syndicalistes, la liberté d’exercice de leurs activités de défenseurs des droits de l’Homme sans crainte de représailles.
La Rapporteure Spéciale rappelle au Gouvernement ses responsabilités vis-à-vis de la Déclaration des Nations Unies sur les Défenseurs des Droits de l’Homme notamment en ses articles 1 et 2.2,ainsi qu'aux dispositions de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Il est á rappeler en outre au gouvernement Guinéen ses obligations contenues dans les Déclarations de la Grande Baie et de Kigali, ainsi que d’autres instruments Internationaux relatifs aux droits humains ratifiés par la Guinée.