Nous commémorons en ce jour, du 26 juin, comme chaque année, la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture. Cette année, la commémoration revêt une importance particulière. Elle coïncide avec le vingtième anniversaire de la création du Comité pour la Prévention de la Torture en Afrique.
Vingt ans après, nous sommes toujours confrontés à une réalité troublante : la pratique de la torture perdure dans de nombreux pays à travers le monde, y compris en Afrique. C'est une transgression flagrante des droits de l'homme qui ne saurait être justifiée en aucune circonstance.
Toutefois, le CPTA demeure fermement convaincu que la prévention de la torture progresse à travers l'adoption de normes internationales telles que l'OPCAT ainsi que de normes régionales non contraignantes (soft law): 52 Etats partie à la Charte Africaine ont ratifié l’UNCAT et vingt-quatre pays africains ont ratifié l'OPCAT, facilitant la mise en place de mécanismes nationaux de prévention (MNP) qui jouent un rôle crucial dans la surveillance des lieux de détention et dans la prévention de la torture.
Alors que l’Union Africaine met l'accent sur l'éducation cette année, nous reconnaissons l'importance cruciale de l'éducation dans la prévention de la torture. L'éducation permet de sensibiliser le public, de promouvoir le respect des droits de l'homme et d'instaurer une culture de réflexion et de vigilance. Elle a le potentiel d’illuminer les esprits, de transformer les attitudes et de remodeler les sociétés. Elle est l'outil nécessaire pour permettre aux individus de reconnaître les signes de la torture, de comprendre les implications légales et éthiques de leur participation à de tels actes, et d'agir pour leur prévention.
Complétée par l'application stricte de la loi et par un engagement ferme envers le respect des droits de l'homme, l’éducation permet de sensibiliser les agents pénitentiaires et le grand public aux normes internationales relatives au traitement des détenus, aux techniques d'interrogatoire éthiques. Les conférences et les ateliers régionaux offrent des plateformes pour partager les meilleures pratiques et renforcer la coopération entre les États membres.
Il est essentiel de souligner l'engagement continu des commissions nationales des droits de l'homme, des organisations de la société civile et des ONG qui fournissent un soutien aux victimes, documentent les cas de torture et plaident en faveur de réformes législatives et politiques. En 2023, ces organisations ont documenté plus de 200 cas de torture en Afrique, mettant en lumière les zones à haut risque.
En cette Journée internationale de soutien aux victimes de la torture, nous réaffirmons notre engagement à combattre ce fléau. Nous devons impérativement maintenir nos efforts en matière d’éducation, de formation et de sensibilisation. Assurer une mise en œuvre rigoureuse des lois et responsabiliser les personnes en position d’autorité est tout aussi essentiel. Ensemble, nous pouvons construire une Afrique plus égale, respectueuse de la dignité des individus dans un avenir dénué de torture, où chaque humain est respecté et protégé.
Nous appelons tous les Etats africains à prendre des mesures concrètes pour prévenir la torture. Cela comprend la ratification et la mise en œuvre du Protocole facultatif à la Convention contre la torture (OPCAT), la mise en place d’organes nationaux de prévention, et la coopération avec les organisations de défense des droits de l’homme.