Communiqué de presse sur le naufrage d’une embarcation de migrants au large des côtes de Mahdia en République tunisienne

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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec attention la situation des migrants en République tunisienne, un des principaux pays de transit pour rejoindre l’Europe, à travers la méditerranée centrale, qui demeure la route migratoire la plus meurtrière au monde, marquée par des pratiques de contrebande de plus en plus dangereuses, des capacités de sauvetage limitées et des restrictions croissantes sur les opérations humanitaires.

La Commission est profondément attristée par le décès de plus de 40 personnes, dont 19 hommes, 9 femmes et 12 enfants de moins de 12 ans, au large des côtes de Mahdia, en Tunisie, où une embarcation transportant 70 migrants a chaviré peu après avoir quitté le village tunisien de Salakta.

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples présente ses sincères condoléances aux familles des victimes endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. 

Il s'agit de l'un des accidents maritimes les plus meurtriers enregistrés cette année le long des côtes nord-africaines. En effet, près de 1 000 décès et disparitions ont été enregistrés en Méditerranée centrale cette année, le nombre total de victimes depuis 2014 s'élevant à plus de 25 000. Au moins 30 enfants ont déjà perdu la vie au large des côtes tunisiennes cette année, contre 22 pour toute l'année 2024.

La Commission africaine, rappelant sa Résolution CADHP/RES. 486 (EXT.OS/XXXI1I) 2021 sur les migrants et réfugiés disparus en Afrique et les conséquences sur leurs familles, et suite à cette énième tragédie, exprime une fois de plus sa profonde préoccupation face aux disparitions continues des migrants dans différentes circonstances, dues notamment à la recrudescence des flux migratoires irréguliers et l’utilisation des routes migratoires les plus périlleuses. 

La Commission reste persuadée, par ailleurs, que pour améliorer le sort des migrants et mettre fin à de tels drames, il est nécessaire de développer des voies régulières pour une migration légale, et que les politiques et les pratiques de gestion des migrations devraient être fondées sur le respect des droits hommes de tous les migrants.

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples rappelle aux Etats Parties leurs obligations pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et la protection de tous les migrants, indépendamment de leur origine et de leur statut migratoire, et à toutes les étapes de leur parcours migratoire, découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des autres instruments internationaux et régionaux pertinents, y compris les « Principes directeurs africains relatifs aux droits de l’homme de tous les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile » (2023).

Banjul le 25 octobre 

Commissaire Selma Sassi-Safer
Commissaire en charge de la situation des droits de l’homme en Tunisie et
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les déplacés internes et les migrants en Afrique