Communiqué de presse sur la découverte de plusieurs fosses communes et des corps non identifiés dans la localité d’Abu Salim, Tripoli, Etat de Libye
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec attention la situation générale des droits de l’homme à Tripoli, capitale de l’Etat de Libye, notamment suite à la récente escalade de la violence et aux intenses combats dans des zones civiles densément peuplées.
La commission est particulièrement préoccupée par les nombreuses informations relatives à la découverte de plusieurs fosses communes dans différents endroits de la localité d’Abu Salim, à Tripoli, qui était sous le contrôle de la milice d’Al-kikli. Les autorités libyennes ont indiqué par ailleurs la découverte de plusieurs corps non identifiés dans les morgues de l’hopital Alkhdra (9 corps) et de l’hopital d’Alhawadith ( plus de 50 corps). L’Autorité générale pour la recherche et l’identification des personnes disparues (créée en 2018), a annoncé pour sa part avoir reçu des informations sur la présence de fosses communes dans le parc zoologique d’Abu Salim.
La Commission africaine rappelle que les disparitions forcées, les exécutions extra-judiciaires, arbitraires et sommaires représentent des violations à de nombreux articles de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, notamment, l’article 4 qui consacre le droit à la vie et interdit sa privation arbitraire, l’article 5 qui interdit la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants et l’article 6 qui garantit le droit à la liberté et à la sécurité de la personne. La Commission rappelle, par ailleurs, que les Etats Parties ont l’obligation de protéger tout individu relevant de leur juridiction contre de tels actes commis par des acteurs étatiques ou non étatiques en toutes circonstances, ainsi qu’il résulte de son Observation générale n°3 sur “le droit à la vie” (2015), et de ses “Lignes directrices pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées” (2022).
La Commission africaine invite les autorités libyennes à mener des enquêtes rapides, indépendantes, impartiales et effectives afin d’identifier les victimes, situer les différentes responsabilités et veiller à ce que les auteurs des violations répondent de leurs actes devant les juridictions compétentes.
Banjul, le 29 mai 2025.
Honorable Commissaire Selma SASSI-SAFER
Commissaire en charge de la situation des droits de l’homme dans l’Etat de la Libye
Honorable Commissaire Idrissa SOW
Président du Groupe de travail sur la peine de mort, les exécutions extra-judiciaires, sommaires ou arbitraires et les disparitions forcées en Afrique