Communiqué de presse sur la situation des personnes déplacées internes dans l’Est de la République Démocratique du Congo, particulièrement dans les villes de Sake et Goma

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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec beaucoup d’attention la situation des personnes déplacées internes à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

La Commission est profondément préoccupée par le nombre croissant de personnes déplacées internes (près de 7 millions) en ce début d’année 2024, avec plus de 150,000 personnes déplacées, depuis le 2 février, dont plus de la moitié sont des enfants, dans les provinces de l’Ituri, du Nord- Kivu, du Sud-Kivu et du Tanganyika, à l’Est du pays.

La poursuite des combats entre l’armée congolaise et le groupe armé M23, leur intensification y compris avec l’utilisation d’armes lourdes dans des zones peuplées, ont conduit des milliers de personnes et des communautés entières des territoires de Masisi et de Rutshuru à fuir vers d’autres régions plus sécurisées et plus sûres à la périphérie de Goma. La situation est d’autant plus alarmante qu’une grande majorité des déplacés sont des personnes vulnérables: blessés de guerre, enfants perdus et non accompagnés, souvent séparés de leurs parents dans leur fuite, femmes enceintes, personnes âgées… 

La Commission est, en outre, consternée par les nombreuses violations des droits humains dont sont victimes les personnes déplacées internes: enlèvements, exécutions arbitraires, extorsions, violences sexistes… Les conditions de vie précaires dans les sites formels et informels des déplacés internes dans l’Est de la RDC ont contribué à l’augmentation des cas de choléra, essentiellement pour les enfants, aux risques de transmissions de maladies, à cause des mauvaises conditions sanitaires, et un nombre élevé de ces personnes sont susceptibles de souffrir de malnutrition aigüe nécessitant des traitements salvateurs.

L’insécurité persistante à l’Est de la République Démocratique du Congo, conjuguée aux catastrophes naturelles liées aux changements climatiques, telles les inondations, entrainent des déplacements massifs et forcés de populations exacerbant leur vulnérabilité ainsi que celle des communautés d’accueil, et entravent la jouissance de leurs droits fondamentaux tels que prévus dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et d’autres instruments régionaux et internationaux pertinents des droits de l’homme .

La Commission encourage les autorités congolaises dans les efforts entrepris pour mettre fin au conflit dans l’Est du pays et rétablir la sécurité, afin de limiter les déplacements massifs et forcés des populations, ceci dans le respect des dispositions de la Convention de Kampala sur la protection et l’assistance aux personnes déplacés en Afrique (2009).

Elle appelle également la communauté internationale à soutenir la République Démocratique du Congo dans la prise en charge de la crise humanitaire à laquelle elle est confrontée.

Honorable Commissaire Selma SASSI SAFER,
Rapporteure spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d'asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique

Honorable Commissaire Marie Louise Abomo
Rapporteure sur la situation des droits de l’homme en République démocratique du Congo