Banjul 16 mars 2023- La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec intérêt le développement de la situation en République du Sénégal. Elle est particulièrement préoccupée par les derniers incidents ayant eu cours ces derniers jours, notamment les tirs de lacrymogènes à l’encontre d’une délégation conduite par le député maire Guy Marius Sagna, par les forces de l'ordre sénégalaises alors qu’elle tentait de se rendre chez l'opposant Ousmane Sonko, empêché de sortir de chez lui par un cordon des forces de l’ordre depuis mardi14 mars au soir sans aucune assignation formelle à domicile prononcée par la justice.
Le député maire de Dakar M. Sagna aurait été blessé à la jambe suite à cet incident.
La Commission est profondément inquiète suite aux différents heurts entre manifestants et forces de l’ordre qui ont eu lieu dans plusieurs banlieues de la capitale et en provinces, ce mercredi 15 mars jusque tard dans la soirée, notamment à la cité keur Gorgui où réside M. Ousmane Sonko.
Selon les informations reçues, les forces de l’ordre avaient pour mission d’empêcher tout rassemblement des sympathisants de M.Ousmane Sonko. Ainsi, des policiers lourdement équipés s’étaient déployés dès la matinée.
Ce jeudi 16 mars, M Ousmane Sonko était attendu devant le tribunal correctionnel de Dakar dans un procès pour diffamation intenté par M. Mame Mbaye Niang, le ministre du tourisme, qu’il a accusé de détournement de fonds.
Pour rappel, il y a un mois, M. Sonko avait été ramené chez lui par des policiers qui avaient brisé la vitre de sa voiture, alors qu’il revenait du tribunal, suite à la première audience dans ce procès, la scène avait été diffusée en direct sur les réseaux sociaux.
La Commission condamne fermement les violences ayant eu court ainsi que l’utilisation excessive de la force par les agents chargé du maintien de l’ordre l’ordre contre des civils.
Elle voudrait rappeler que la liberté de mouvement, et de manifestation sont garantis par les articles 11 et 12 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (la Charte africaine), de même que le droit à un procès équitable qui inclut le respect de la présomption d’innocence (article 7 de la Charte africaine).
La Commission africaine appelle les autorités sénégalaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour restaurer le calme et la stabilité en s’abstenant de faire usage de la force. Elle encourage également les manifestants à exprimer leur désaccord dans le strict respect des règles prévue par la loi.
Elle demande enfin que l’Etat Sénégalais se conforme aux dispositions de la Charte africaine à laquelle, il est partie ainsi qu’aux Principes directeurs sur le maintien de l’ordre lors des réunions en Afrique.
Banjul 16 mars 2023