Communiqué de presse sur la situation dans l’Etat de Libye

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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec beaucoup d’attention et d’inquiétude l’évolution de la situation sécuritaire à Tripoli, capitale de l’Etat de Libye, suite à la récente escalade rapide de la violence et aux intenses combats à l'arme lourde dans des zones civiles densément peuplées, plongeant la population dans un climat de peur et de panique.

La Commission exprime sa profonde préoccupation quant aux graves répercussions de cette situation sur la sécurité et la sûreté des Libyens et des résidents de l’Etat de Libye, ainsi que sur la jouissance de leurs droits fondamentaux.

La Commission est par ailleurs très alarmée par les informations faisant état de plusieurs victimes civiles et militaires, s’ajoutant aux dégats importants touchant les biens publics et privés, suite à ce regain de violence. La Commission présente ses sincères condoléances aux familles des victimes et à tout le peuple Libyen, en lui réitérant sa solidarité, et souhaite un prompt rétablissement aux bléssés. 
La Commission est d’autant plus préoccupée que ces affrontements armés, appuyés par la mobilisation d’autres groupes armés dans les régions environnantes de la capitale, pourraient mener à des déplacements massifs de popultaions.

La Commission, tout en se félicitant de l’annonce d’un cessez le feu le 14 mai dernier,  demeure toutefois inquiète suite aux informations sur des dérives observées lors des manifestations populaires -pour  dénoncer la détérioration de la situation sécuritaire- dont des tirs à balles réelles contre les manifestants, et des actes de vandalisme de la part de ces derniers contre des biens publics. Selon un communiqué officiel des autorités Libyennes, un agent de l’ordre a été tué alors qu’il sécurisait le bâtiment du cabinet du premier ministre,  abattu par des inconnus. 

La Commission africaine: 
-    Condamne fermement tout recours à la violence et à la force armée, et appelle à la cessation des hostilités dans toutes les régions de l’Etat de Libye afin de rétablir le calme et d'assurer la sécurité et le bien-être des civils et de leurs biens.
-    Invite instamment les parties concernées à respecter pleinement le cessez le feu,   le maintenir et le renforcer par le dialogue, s'abstenir de tout acte ou discours susceptible d'aggraver les tensions, afin de sauvegarder les droits et la dignité des polulations civiles.
-    Rappelle à toutes les parties leur obligation de protéger l’intégrité physique et la sécurité des civils,  de leurs biens et des infrastructures civiles,  en toutes circonstances, ainsi que prévue par la Charte africaine des droits de l’homme et de peuples et autres instruments internationaux et régionaux.
-    Appelle  les autorités à garantir le droit des Libyens à exprimer leurs opinions et à se réunir et manifester pacifiquement, condamne l’usage de la violence tant de la part des manifestants que des forces de l’ordre, et invite ces dernières à éviter tout recours à la force létale et à mettre en œuvre les Lignes directrices de la Commission pour le maintien de l’ordre par les agents chargés de l’application des lois lors des réunion en Afrique (2017) . 
-    Appelle toutes les parties Libyennes à engager sans délai un dialogue sérieux et de bonne foi pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et le résoudre pacifiquement, dans l’inêrét de tout le peuple Libyen, sans exclusion. 
-    Appelle tous les Libyens à s'unir pour combler les divisions internes, privilégier l'unité nationale et préserver le tissu social du pays.

Banjul, le 16 mai 2025.

Honorable Commissaire Selma SASSI-SAFER
Commissaire en charge de la situation des droits de l’homme dans l’Etat de la Libye