Dans une communication dirigée contre le Sénégal, l'ONG "Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme" (RADDHO) faisait état de violations graves et massives des droits de l'homme à Kaguitt en Casamance, suite aux événements ayant opposé l'armée sénégalaise aux maquisards du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). La mission s'est rendue au Sénégal pour y recueillir toute information utile et s'entretenir avec les principales personnalités susceptibles d'apporter un éclairage significatif sur les événements de Casamance.
Prévue du 1 au 7 juin 1996 et conduite par le professeur Isaac Nguema, Président de la Commission Africaine, la Mission comprenait également Dr. Vera Valentina de Melo Duarte Martins et Maître Marcel Buzingo, respectivement membre et conseiller juridique de la Commission.
La Commission recommande:
1. Au Gouvernement de:
envisager la levée des mesures qui frappent l'Abbé Diamacoune aujourd'hui assigné à sa résidence pour lui permettre de se déplacer librement et s'impliquer plus aisément dans les négociations et la recherche de la paix.
libérer tous les prisonniers politiques encore détenus pour des raisons liées à ce conflit.
assister les déplacés et les réfugiés, encourager leur retour au foyer en garantissant leur sécurité.
lutter contre l'impunité en poursuivant les auteurs impliqués dans les tortures et exécutions sommaires.
2. Aux indépendantistes de:
faire en sorte que leurs leaders basés en Europe et ailleurs reviennent au Sénégal où des garanties de sécurité leur seraient données.
accepter que les futures négociations se passent en terre africaine.
avoir de la cohérence dans leur prise de position.
3. A chacune deux parties, la Commission recommande
de faire le maximum pour identifier et isoler ceux pour qui le retour de la paix ne s'arrange pas, ceux qui ont fait de ce conflit leur fonds de commerce.
La Commission recommande à chacune des parties de mettre tout en oeuvre pour réaliser notamment les objectifs suivants:
régler le problème des terres.
affecter en Casamance des fonctionnaires de préférence originaires de la région.
elaborer un vaste programme d'investissement afin de développer davantage la région.
etablir un système d'insertion sociale en faveur des jeunes sans emploi, et ceux y compris les maquisards qui déposent les armes.
créer un comité mixte de suivi destiné à superviser la réalisation de ces objectifs.
Avant de terminer ce rapport, il convient de souligner les facilités mises au service de la mission par les autorités sénégalaises.
La Commission tient à leur exprimer ses sentiments de profonde gratitude avec l'espoir que la sincérité, la loyauté et la transparence dont elles ont fait preuve tout au long de l'accomplissement de cette mission contribueront à rétablir la paix, la justice et le bien-être des populations du Sénégal, en général, celles de la Casamance, en particulier.