Déclaration de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples sur la dégradation de la situation des droits de l’homme en République du Soudan suite au coup d’ét

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La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (la Commission), à travers son Commissaire Rapporteur en charge du suivi de la situation des droits de l’homme dans ce pays, est profondément préoccupée par la situation politique dégradante en République du Soudan et de ses conséquences sur les droits de l’homme.

La Commission réitère le contenu de sa déclaration du 27 Octobre 2021 et précise qu’elle fait un suivi continu de la situation. En effet, la Commission a reçu de sources concordantes les informations sur les violations continues de droits de l’homme qui surviennent dans le pays depuis le renversement du gouvernement de transition qui était en place et les mesures de restriction de mouvements et de communication.

Par ailleurs, la Commission a été informée des violations des droits de l’homme que subissent les populations civiles qui se sont organisées pour manifester de façon pacifique contre le coup d’état. Il est rapporté l’usage excessif de la force par les services de sécurité dont des militaires, qui a entrainé des dizaines de morts et des blessures graves sur de nombreux manifestants. Il a aussi été rapporté de nombreux cas de traitements cruels inhumains et dégradant infligés à des détenus politiques. Toute cette répression et atmosphère de terreur semble se dérouler à l’abri des observateurs pertinents, vu qu’il y a recours aux restrictions des moyens d’information et de communication.

La Commission accueille l’information de la signature d’un accord ce 21 Novembre 2021 entre le pouvoir de transition et l’Armée et qui aurait permis la libération du Premier Ministre. Elle note également que les populations ne semblent pas avoir avalisé cet accord et continuent de  manifester pour le contester.

La Commission demande aux autorités soudanaises de bien vouloir prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin sans conditions aux violations des droits de l’homme dont sont victimes les populations, notamment mettant fin à la répression brutale des manifestations pacifiques et en libérant les détenus politiques. Elles sont appelées aussi à rétablir pleinement l’accès aux moyens d’information et de communication.

La Commission rappelle à toutes autorités aux commandes du pays dans cette période tumultueuse, qu’elles sont de facto, premières garantes des droits de l’homme sur toute l’étendue du territoire du Soudan, et en conséquence, respecteront les obligations du pays découlant des différents instruments régionaux et internationaux ratifiés.

Ainsi, la Commission appelle à faire la lumière sur tous les cas de violations des droits de l’homme enregistrés et en cours depuis la survenance du coup d’état du 25 octobre 2021 et à assurer la réparation aux victimes, tout en évitant qu’il y ait l’impunité pour ces actes.

La Commission appelle également les parties soudanaises à rétablir l’ordre constitutionnel et surtout à protéger les droits des soudanais en conformité avec les obligations nationales et internationales de ce pays en matière des droits de l’homme.

La Commission appelle par ailleurs, la communauté internationale, notamment, l’Union Africaine, l’IGAD et les Nations Unies à poursuivre les efforts en vue de ramener la normalité au Soudan sous peine de plonger cette région de la corne de l’Afrique dans une situation de grave insécurité.

La Commission reste saisie de la situation en République du Soudan et le Commissaire Rapporteur y prête un intérêt particulier.

                                                                                         Fait à Banjul, le 26 Novembre 2021