La Rapporteure Spéciale sur les Défenseurs des Droits de l’Homme en Afrique, Commissaire Reine Alapini-Gansou, estsérieusementpréoccupée par la situation des défenseurs des droits de l’Homme au Niger ces derniers temps et en particulier par l’arrestation de M. Ali Idrissa, Coordinateur National du Réseau des Organisations pour la Transparence et l'Analyse Budgétaire (ROTAB) et dix autres défenseurs des droits de l’Homme le 18 juillet 2014 à Niamey.
M. Ali Idrissa est membre du Conseil d’Administration de l’Initiative pour Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Son arrestation serait intervenuevers 4h du matin, le 18 juillet 2014,après l’animation à la veilled’une conférence oùil aurait expriméses points devue sur le contrat entre le Gouvernement nigérien et une société française d’extraction d’uranium.
La Rapporteure Spéciale déplore aussi l’arrestation des membres des organisations Sauvez le Niger, du Groupe de Réflexion et d'Action sur les Industries Extractives au Niger (GREN), du Mouvement pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable (MPCR), et des membres du ROTABintervenue le même jour à leurs domiciles respectifs et lors d’un rassemblement pacifiqueautorisé par les autorités locales à Niamey.
La Rapporteur Spéciale considère ces arrestations,détentions et toutes autres actions judiciairescomme une tentativeà faire taire les critiques légitimes et restreindre les activités des défenseurs des droits de l’Homme.Elle s’inquiète que cette situation ne puisse fragiliser les acquis sur le plan des droits de l’Homme au Niger.
La Rapporteure Spéciale voudrait, en outre, relever l’importance du rôle du travail desdéfenseurs des droits de l’Homme en Afrique, et par conséquent,invite les autorités de la République du Niger à se conformer aux dispositions de la Déclaration des Nations Unies ainsi que les Déclarations de Kigali et de Grand Bay sur les Défenseurs des Droits de l’Homme.
La Rapporteure Spéciale rappelle au Gouvernement nigérien sesobligations et responsabilités au titre des instruments régionaux et internationaux dûment ratifiéspar la République du Niger, notamment la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples en ses articles 6, 9 et 11 et les différentes résolutions de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et encourage les autorités dans leurs efforts à promouvoir la protection des défenseurs des droits de l’Homme au Niger.
Fait à Banjul, le 11août2014
Me Reine Alapini-Gansou
Commissaire,
Rapporteur Spéciale sur les Défenseurs des Droits de l’Homme en Afrique