La Rapporteure Spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme en Afrique est profondément préoccupée par l’arrestation et la détention en Egypte de défenseurs des droits de l’homme au nombre desquels Sanaa Seif, Hanan Mustafa Mohamed, Salwa Mihriz, Samar Ibrahim, Rania El-Sheikh, Nahid Sherif, Fikreya Mohamed et Yara Sallam, lauréate du prix des défenseurs des droits de l’homme de l’Afrique du Nord en octobre 2013.
Les informations reçues de sources fiables par la Rapporteure Spéciale révèlent que le 21 juin 2014, ces défenseurs des droits humains ont été arrêtés au cours d’une manifestation pacifique organisée à Héliopolis au Caire en protestation contre la loi sur les manifestations publiques de novembre 2013 et appelant à la libération de tous les défenseurs des droits de l’homme détenus en Egypte au titre de cette loi.
Les manifestants ont fait l’objet de violence policière et de nombreuses charges ont été retenues contre ces derniers, entre autres, la participation et l’organisation d’une manifestation non autorisée avec pour but d'empêcher la mise en œuvre de la loi et influencer l'efficacité des pouvoirs publics dans la réalisation de leur travail ; la participation à une manifestation qui constitue une menace à la sécurité publique et les intérêts des citoyens et contribuant à la perturbation et transgression des transports et biens publics et privés. Ces défenseurs des droits de l’homme sont maintenus en détention dans l’attente de leur procès.
La Rapporteure Spéciale est profondément inquiète de ce que, au cours des derniers mois, les défenseurs des droits de l’homme en Egypte sont l’objet de nombreux actes d’intimidations et d’arrestations arbitraires résultant en de lourdes peines d’emprisonnement. La Rapporteure Spéciale condamne fermement l’utilisation abusive qui est faite de cette loi qui constitue un frein aux actions des défenseurs des droits de l’homme.
La Rapporteure Spéciale souhaiterait rappeler au Gouvernement égyptien ses obligations au titre des instruments dûment ratifiés par la République Arabe d’Egypte que sont la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que l’article 12 (2) de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’homme qui stipule que « L’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice des droits visés dans la présente déclaration. »
La Rapporteure Spéciale appelle à la libération immédiate des personnes détenues et invite l’Etat égyptien à mener une enquête diligente et impartiale sur cette situation.
La Rapporteure Spéciale voudrait par la même occasion encourager les autorités égyptiennes à poursuivre leurs efforts dans la garantie du droit à la liberté et l’intégrité physique en mettant, particulièrement, fin au harcèlement judiciaire contre les défenseurs des droits humains opérant sur le territoire égyptien.
La Rapporteure Spéciale exprime enfin sa constance disponibilité et réaffirme son engagement à travailler avec le Gouvernement de la République Arabe d’Egypte et les autres parties prenantes sur toute question relative aux droits des défenseurs des droits de l’homme.
Fait à Banjul le 24 juin 2014.