Cette année, la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples célèbre la Journée Panafricaine de la Femme en se félicitant des progrès qui ont été réalisés dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de la femme à travers le Continent. L’institutionnalisation de la célébration de la Journée de la femme africaine aujourd'hui appelée « Journée Panafricaine de la Femme » est une initiative heureuse qui devrait être soutenue par les Etats parties, les OSC et les partenaires techniques et financiers, en vue de contribuer à créer un large cadre d’échange et de réflexion permettant aux femmes africaines d’évaluer les initiatives, les programmes, plans et politiques mis en œuvre en leur faveur. Il s’agit également de mesurer l’ampleur des défis qui restent à relever, notamment dans des domaines aussi essentiels pour la vie des femmes, que la protection de la vie, de l’intégrité physique et la protection contre toutes formes d’exploitations et de violences.
Les femmes africaines continuent d’être les véritables vecteurs des changements progressifs qui interviennent au sein de leurs communautés, dans plusieurs pays du Continent, en luttant pour l’adoption et la mise en œuvre des réformes légales relatives à l’amélioration de leurs statuts juridique, politique, social et économique.
Au moment où nous célébrons cette journée, n’oublions pas que de nombreux défis requièrent encore des efforts concertés de toutes les parties prenantes. Les femmes africaines font face à la pauvreté, à l’analphabétisme, et à la maladie. Elles subissent les conséquences des violences sexuelles et domestiques et le poids des traditions, des conflits armés et des crises alimentaire et financière. Elles manquent de qualification adéquate pour trouver un emploi décent, et souffrent de l’insuffisance et/ou absence de politiques pertinentes, d’infrastructures et de ressources budgétaires adéquates pour satisfaire leurs besoins spécifiques.
Malgré les guerres et les défis quotidiens auxquels elles font face dans plusieurs parties de l’Afrique, les femmes africaines continuent de lutter avec succès pour leur survie. Ainsi dans l'Est de la République Démocratique du Congo, les femmes handicapées ont réussi à créer une entreprise viable en vendant leurs œuvres d’art sur le site des enchères Ebay. Elles ont pu trouvé un marché par l'intermédiaire du portail en ligne au cours des huit derniers mois, en dépit du fait qu’elles n’avaient pas de financement pour démarrer le projet. Ces efforts sont la preuve du courage et de la ténacité qui caractérisent les femmes en Afrique. En RDC, au Soudan, en Somalie et dans plusieurs autres parties de l’Afrique, les femmes continuent d’être victimes des pires formes de violences sexuelles. Cet état de fait interpelle la conscience des Gouvernements Africains et de la Communauté Internationale
La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples se félicite de la qualité de la collaboration qu’elle entretient avec les Etats parties et les organisations de la société civile qui complètent et renforcent ses efforts dans l’exécution de son mandat de promotion et de protection des droits de l’homme en général et des droits de la femme en particulier.
En juin de cette année, la Rapporteure Spéciale a participé aux travaux de la 11ème Session Ordinaire du Conseil des droits de l’homme à Genève. Grâce aux activités de plaidoyer et de lobbying menées en concertation avec les organisations la société civile, le Conseil des Droits de l’Homme a adopté une Résolution sur la « Mortalité et la morbidité maternelles et les droits de l’homme ». Une résolution sur cette même question préoccupante, avait initialement été adoptée par la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples lors de sa 44ème Session Ordinaire tenue du 10 au 24 novembre 2008 à Abuja, au Nigeria. Cette victoire mérite d’être relevée et célébrée aujourd’hui, pour que des actions concertées soient menées à tous les niveaux pour qu’aucune femme en Afrique ne meure désormais des suites de la grossesse ou de l’accouchement!
La Commission Africaine rappelle aux Etats parties qui ne l’ont pas encore fait d’accélérer le processus de ratification du Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits de la Femme en Afrique. Elle exhorte les Etats parties ayant ratifié cet instrument important, de le promouvoir à travers notamment des campagnes d’information et de sensibilisation à l’endroit des femmes à la base et de toutes les autres couches de la société et d’adopter les mesures législatives appropriées ainsi que les programmes nécessaires à la réalisation effective de la protection des droits de la femme en Afrique.
Fait à Banjul, le 31 juillet 2009