La Commission Africaine des droits de l’homme et des Peuples se joint à la Communauté internationale pour célébrer la commémoration de la journée internationale des avocats en danger organisée le 24 janvier de chaque année depuis 2009.
Cette commémoration est une occasion pour rendre hommage aux avocats, ces défenseurs infatigables des libertés fondamentales. Elle est également une occasion d’évaluation des progrès réalisés dans la protection des droits des avocats et des défis persistants et émergents qui menacent l’intégrité et l’indépendance de leur profession, mais également de mener des réflexions sur des solutions idoines en vue de la promotion et protection effectives de leurs droits.
La Commission exprime sa profonde indignation et sa vive préoccupation face à la recrudescence alarmante des violations des droits des avocats sur le continent africain, en dépit des engagements pris par les Etats en ratifiant la Charte africaine et les autres instruments pertinents de protection des droits de l’homme. Ces violations multiples et multiformes perpétrées par des acteurs tant étatiques que privés ciblent en particulier les avocats qui s’engagent courageusement dans des dossiers sensibles, qui dénoncent les abus du pouvoir et les crimes perpétrés par des individus liés à des cercles de pouvoir politique. Ces avocats, dans leur quête de vérité et de justice, font souvent face à des menaces inacceptables, allant des intimidations aux violences physiques et atteintes à leurs vies, en passant par des arrestations arbitraires et des campagnes de diffamation destinées à entacher leur réputation et à les réduire au silence. Ces réalités, qui sont inacceptables en tout lieu et en tout temps, prennent une dimension particulièrement préoccupante dans certains contextes africains où l’État de droit reste fragile.
Malgré tous ces obstacles auxquels ils font face, les avocats continuent de jouer un rôle crucial dans la promotion et la protection des droits humains, parfois au péril de leurs vies. Ils sont les garants de la justice, les défenseurs des opprimés, et les voix des sans-voix. Ils représentent l’espoir pour les victimes d’abus.
La Commission rappelle que la défense des avocats est une lutte pour la justice elle-même. Lorsque les avocats sont attaqués, c’est l’accès à la justice, les droits fondamentaux et les fondements même de l’État de droit qui sont menacés.
Elle salue avec force l’engagement des avocats, en particulier ceux offrant des services pro-bono, dont le dévouement désintéressé et la noble initiative permettent à des milliers de victimes démunies d’accéder à la justice. Leur travail incarne les valeurs les plus élevées de solidarité et d’humanité.
En cette journée spéciale, je souhaiterais que la Commission puisse désormais établir des ponts, dans le cadre d’une coopération durable, avec le monde des Avocats, en organisant un système d’affiliation des barreaux nationaux, en ce compris l’Organisation africaine de tous les barreaux, des Conseils supérieurs de magistrature de différents pays à l’instar du système qui existe en faveur des Commissions ou Institutions nationales des Droits de l’Homme ou des Organisations Non Gouvernementales.
Ce plaidoyer est d’autant plus important qu’il aiderait les Avocats à faire, sur une base annuelle, le rapport sur l’état général de la situation des avocats en danger sur notre continent.
J’invite aussi les Etats parties à la Charte et les autres parties prenantes à redoubler d’efforts pour bâtir un environnement de travail où les avocats peuvent exercer leur profession librement, sans crainte ni intimidation. En protégeant les avocats, nous protégeons l’essence même de l’indépendance de la justice et des droits humains sur notre continent.
Honorable Rémy Ngoy Lumbu
Président de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, Rapporteur Spécial sur les défenseurs des droits de l’homme, point focal sur les représailles et point focal sur l’indépendance judiciaire en Afrique
Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, Rapporteur Spécial sur les défenseurs des droits de l’homme, Point Focal sur les Représailles et Point Focal sur l’indépendance judiciaire en Afrique