La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec beaucoup d’attention la situation des migrants sur le continent et les risques extrêmes auxquels ils sont confrontés à travers les routes migratoires terrestres qu’ils empruntent en Afrique vers les rives de la Méditerranée.
La Commission est profondément attristée par la découverte dans le désert algérien, non loin des frontières avec la Libye, des corps de 12 migrants syriens, dont des enfants. Des personnes sont également portées disparues.
Par ailleurs, d’autres corps de migrants subsahariens, dont une femme, ont été retrouvés vers la frontière avec le Mali et dans la région de Ain Salah (frontière algérienne), en plein désert.
Selon les informations parvenues à la Commission, les migrants, perdus dans le Sahara, seraient morts durant leur traversée des suites des conditions environnementales difficiles, notamment l’exposition à des températures extrêmement élevées, la déshydratation et la faim.
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples présente ses sincères condoléances aux familles des victimes endeuillées.
Rappelant sa Résolution CADHP/RES. 486 (EXT.OS/XXXI1I) 2021 sur les migrants et réfugiés disparus en Afrique et les conséquences sur leurs familles, et suite à cette énième tragédie, la Commission exprime une fois de plus sa profonde préoccupation face aux disparitions continues des migrants dans différentes circonstances, dues notamment à la recrudescence des flux migratoires irréguliers et l’utilisation des routes migratoires les plus précaires et les plus périlleuses.
Selon un Rapport conjoint publié récemment par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Centre sur la mgration mixte (CMM) 1 , au cours de la période 2021-2024, 1.031 réfugiés et migrants seraient morts en traversant le désert.
Les routes qui passent par le Sahara vers le nord depuis l’Afrique de l’Ouest et de l’Est seraient deux fois plus meurtrières que la route maritime de la Méditerranée centrale. Le Rapport précise également que la traversée du désert du Sahara - y compris des endroits tels que Sabha en Libye, Agadez et Téra au Niger, Bamako et Douentza au Mali, Khartoum au Soudan, Humera en Ethiopie et Tamanrasset en Algérie - est reconnue comme un segment des plus périlleux et risqués du processus migratoire vers la Méditerranée.
La Commission rappelle enfin aux Etats Parties leurs obligations pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et la protection de tous les migrants, indépendamment de leur origine et de leur statut migratoire, et à toutes les étapes de leur parcours migratoire, découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des autres instruments internationaux et régionaux pertinents, y compris le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ainsi que les « Principes directeurs africains relatifs aux droits de l’homme de tous les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile » (2023).
Hon. Commissaire Selma SASSI-SAFER
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique
Hon. Commissaire Rémy Ngoy Lumbu
Rapporteur sur la situation des droits de l’homme en République Algérienne démocratique et populaire
1 On This Journey, No One Cares if You Live or Die: Abuse, Protection and Justice along Routes between East and West Africa and Africa’s Mediterranean Coast – Volume 2, https://publications.iom.int/books/journey-no-one-cares-if-you-live-or-die.