La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission), a appris avec tristesse la survenance d’incendies mortels enregistrés dans la nuit du 23 au 24 juillet 2023 dans seize préfectures du nord-est de la République algérienne démocratique et populaire.
La Commission déplore le décès d’au moins 34 personnes, dont une dizaine de militaires, et des dizaines de blessés dans les préfectures de Béjaïa, Bouira et Jijel. Elle déplore galement les dégâts matériels enregistrés, notamment des villages entièrement détruits par les flammes, des champs et bâtiments réduits en cendres et des voitures calcinées.
La Commission présente ses condoléances les plus attristées au Gouvernement algérien, aux familles des victimes et au peuple algérien et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
La Commission est préoccupée par la fréquence grandissante des feux de forêts, spécialement en période estivale, un phénomène qui s’accentue d’année en année sous l’effet du changement climatique, entraînant sécheresses et canicules. Elle est profondément préoccupée par leurs conséquences sur les droits des populations affectées, notamment les droits à la vie et à l’intégrité physique, au logement, à la santé ainsi que les multiples déplacements des populations qui fuient les zones affectées, droits garantis par les articles 4, 14 et 16 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
La Commission invite les autorités algériennes à diligenter des enquêtes impartiales en vue d’identifier les causes profondes de ces incendies qui ne cessent d'endeuiller le peuple algérien et les présumés auteurs, s’ils existent, afin de les traduire en justice.
La Commission apprécie les moyens mis en place par les autorités algériennes pour arrêter les incendies ainsi que les dispositions prises pour protéger et assister les populations affectées. Elle appelle le gouvernement algérien à adopter des mesures idoines en vue de la mise en œuvre effective de la stratégie nationale de lutte contre les feux de forêts sur l’ensemble du territoire national, conformément aux obligations découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des autres instruments juridiques régionaux et universels relatifs aux droits de l’homme ratifiés par la République algérienne démocratique et populaire.
Fait à Banjul le 25 juillet 2023
Honorable Rémy Ngoy Lumbu
Président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et Commissaire en charge de la situation des droits de l’homme en République algérienne démocratique et populaire.